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Le jour. D'après fred sabourin
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Cellefrouin : lanterne des morts et église abbatiale Saint-Pierre

24 Janvier 2021 , Rédigé par F.S Publié dans #rural road trip, #émerveillement

Cellefrouin : lanterne des morts et église abbatiale Saint-Pierre
Cellefrouin : lanterne des morts et église abbatiale Saint-Pierre

Voici Cellefrouin, et sa célèbre lanterne des morts. Époque romane fin XIIe siècle, il était hissée au sommet une lampe allumée, censée guider les défunts dans leur passage dans l'au-delà. Classée Monument historique en 1886. Elle est située dans le cimetière communal de Cellefrouin, à la confluence du Son et de la Sonnette, donnant naissance au Son-Sonnette. Une autre lanterne des morts charentaise très connue également est située à Pranzac, près de La Rochefoucauld. 

Cellefrouin : lanterne des morts et église abbatiale Saint-Pierre
Cellefrouin : lanterne des morts et église abbatiale Saint-Pierre
Cellefrouin : lanterne des morts et église abbatiale Saint-Pierre

L'église abbatiale Saint-Pierre de Cellefrouin, est fondée vers 1025 par l'évêque de Périgueux Arnaud de Vitabre. Rattachée à l'abbaye de Charroux au tout début du XIIe s., elle reprit son autonomie sous la règle de saint Augustin, puis de saint Benoît sur ordre du Pape Urbain II. Ne subsiste que l'église abbatiale - l'une des plus anciennes de Charente - les bâtiments monastiques ayant disparu. 

(c) Fred Sabourin. Janvier 2021. 

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Les masques en rade

23 Janvier 2021 , Rédigé par F.S Publié dans #coup de gueule, #édito

Les masques en rade

La bamboche : c’était déjà terminé. Les apéros entre 18h et 20h aussi. Les bars, restaurants, cinémas et lieux culturels : repoussés aux calendes grecques. Les conversations dans les transports en commun : pas recommandées (ça vient de tomber, c’est l’Académie de médecine qui préconise). Et maintenant, voici le tour des masques « faits maison » : jugés moins efficaces face au « variant anglais », ils vont devenir hors norme, et hors la loi.

Pourtant, au printemps, le savoir-faire des milliers de couturières fut loué avec ferveur, jusqu’au sommet de la République ! Tout droit sorties des albums sépias des buffets Henri II de nos grands-mères, armées de leurs machines à coudre ressuscitées (pourtant non « connectées »), ces femmes – majoritairement – ont patiemment cousu des millions de masques, au moment où le gouvernement mentait effrontément sur leur utilité. D’abord « ça ne sert à rien, surtout si c’est mal porté », puis « vivement recommandé », et enfin « obligatoire » sous peine de sanctions (135 €, c’est le tarif pour à peu près tout depuis presque un an). Oui mais voilà, ces milliers de petites mains agiles, créatives dans le choix des coloris, motifs, matériaux, ne résisteront pas, moins d’un an plus tard, au « variant anglais » ; en attendant peut-être un jour le variant de Zanzibar, ou des Kerguelen (qui sait ?). C’est dit, c’est fait : il faudra acheter et porter des masques chirurgicaux, plus chers, plus polluants aussi car jetables.

On s’en fout du gaspillage ! Pourvu que les industriels fabricants de masques « aux normes » soient satisfaits et se rince au passage ! Une boîte de FFP2 - les plus efficaces, paraît-il, jusqu’à la prochaine norme qui les rendra caduc - coûte environ 30 € les vingt unités. Trois fois plus chers que les chirurgicaux conseillés jusqu’à présent. Pas pour toutes les bourses, donc…

Dans l’association d’aide alimentaire itinérante du Ruffecois dont j’ai la charge, les bénévoles, majoritairement des femmes qui n’ont que deux bras et pas les deux pieds dans le même sabot, ont sortis au printemps dernier leurs vieilles machines à coudre, pour fabriquer des masques « à la maison » où elles étaient confinées. J’en ai un très joli en vichy rose ; un autre gris anthracite très classe ; un avec des motifs qui rappellent « el dia de los muertos », cette fête mexicaine où l’on singe la mort pour mieux la tenir à distance. Ces masques sont doublés, lavables, polluent peu, et on ne peut que remercier la réactivité autant que la créativité de ces couturières remises sur le devant de la scène de façon inattendue. C’était pendant « la guerre », c’était avant...

Ces masques « faits maison », jusqu’ici en odeur de sainteté, servent aussi pour les clients-bénéficiaires de l’épicerie solidaire. Ce sont des gens qui majoritairement essaient de remplir leur frigo avec le montant d’un RSA et quelques poussières. Croyez-vous qu’ils vont acheter des masques à trente balles la boîte de vingt ? On voudrait se moquer de leur figure – pourtant masquée – qu’on ne s’y prendrait pas mieux.

Voici donc une nouvelle décision aussi absurde, hors-norme, hors-sols, complètement déconnectée de la réalité de la vie de millions de Français, et parmi eux les plus pauvres, les plus fragiles, les plus précaires.

Allez, encore quelques semaines et un comité scientifique Théodule ou une Académie des neufs obligera le monde entier à se déplacer en scaphandre, sans parler car ça fait de la buée dans le casque. Personnellement j’attends ce moment avec impatience : j’ai toujours rêvé de porter un scaphandre. Après avoir marché sur la tête, celui-ci me permettra peut-être, un jour, de marcher sur la Lune.

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L'heure bleue à Saint-Amant-de-Boixe

11 Janvier 2021 , Rédigé par F.S Publié dans #émerveillement

À force de nous empêcher de mourir, on nous empêche de vivre. Et si ça continue on finira par mourir quand même.

La contemplation, c'est finalement tout ce qui nous reste - avec nos yeux pour pleurer - à admirer pour se cultiver, un peu, pendant cette période de crise sanitaire, économique, politique. Les théâtres, cinémas, musées et lieux d'expositions étant considérés comme "non essentiels" par ceux qui nous gouvernent, il reste certains lieux patrimoniaux ouverts, fort heureusement.

L'abbatiale de Saint-Amant-de-Boixe est de ceux-là. Les vitraux et le chœur, fraîchement rénové et récemment rouvert à l'admiration du public, permettent de se régaler d'un spectacle comme peu d'édifices peuvent y prétendre.

L'heure bleue à Saint-Amant-de-Boixe
L'heure bleue à Saint-Amant-de-Boixe
L'heure bleue à Saint-Amant-de-Boixe
L'heure bleue à Saint-Amant-de-Boixe

"Mentionnée pour la première fois dans les textes en 888, l'abbaye est refondée un siècle plus tard par la volonté du comte d'Angoulême, Arnaud. Vers 1025, son fils Guillaume IV Taillefer accomplit la volonté du père : construire une abbaye. Le succès est rapide, si bien que l'abbé Guillaume décide de reconstruire la partie orientale de l'église abbatiale. Le 1er octobre 1125, cette première campagne de travaux est achevée. Puis, la nef, réservée à la paroisse, est reconstruite sur les fondations de l’ancien édifice. La consécration du nouvel édifice a lieu en présence de nombreux dignitaires le 15 novembre 1170.

Au XIIIe siècle, l’abbaye est dévastée par un gigantesque incendie. Le cloître et le chœur de l’église sont reconstruits et voûtés d’ogives. L’abbaye reste prospère jusqu’au XIVe siècle. Par la suite, le long déclin de l’abbaye commence.

Elle est tout d’abord ruinée lors de la guerre de Cent Ans. Puis les guerres de Religion et le régime des abbés commendataires la vident de ses richesses temporelles et spirituelles..."

L'heure bleue à Saint-Amant-de-Boixe
L'heure bleue à Saint-Amant-de-Boixe
L'heure bleue à Saint-Amant-de-Boixe
L'heure bleue à Saint-Amant-de-Boixe
L'heure bleue à Saint-Amant-de-Boixe
L'heure bleue à Saint-Amant-de-Boixe
L'heure bleue à Saint-Amant-de-Boixe

"... En 1572 l’abbaye ne compte déjà plus que douze moines et, deux en 1774. Cette même année un édit royal supprime la mense conventuelle et l’affecte au Séminaire d’Angoulême. Mais la Révolution Française empêchera la réalisation de ce projet.

En 1791, les bâtiments abbatiaux sont vendus comme biens nationaux, et l’église devient paroissiale. Tout au long du XIXe siècle, la commune cherche des subventions pour pallier à la ruine de l’église. En 1840 celle-ci est classée Monument Historique. Mais il faut attendre 1897 pour que d’ambitieux travaux de restauration, à la mesure du mal, soient enfin réalisés. En 1935 le cloître et les bâtiments abbatiaux sont classés.

Rachetés en 1973 par la commune, ils seront restaurés à partir de 1985. En 1999 l’abbaye s’oriente vers une nouvelle vocation : accueillir en ses murs l’Espace d’architecture romane, qui sera inauguré en 2008. Depuis 2016, une thèse de doctorat est en cours, sous la direction de Cécile Treffort (Centre d’Études Supérieures de Civilisation Médiévale, UMR 7032, Université de Poitiers, CNRS). De nos jours, l’histoire continue avec les travaux de restauration du chœur qui seront lancés en 2017".

(Source : https://abbayesaintamantdeboixe.fr/ )

Un sujet de France 3 Nouvelle Aquitaine (décembre 2020) à lire et voir ici.

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Sansac, perle de Beaulieu-sur-Sonnette en Angoumois

4 Janvier 2021 , Rédigé par F.S Publié dans #rural road trip, #émerveillement

Sansac, perle de Beaulieu-sur-Sonnette en Angoumois

"À l'Ouest de la commune de Beaulieu-sur-Sonnette, dominant la verdoyante vallée de la Sonnette, se dresse le château de Sansac, un des plus anciens châteaux de l'Angoumois, en partie reconstruit à la Renaissance. Les Prévost de Sansac, très ancienne famille charentaise, furent propriétaire du château dès le XVe siècle. Loys Prévost, seigneur de Sansac, compagnon d'armes de François Ier fut gouverneur de l'Angoumois de 1559 à 1532. C'est à cette époque que le château pris l'aspect qu'il a aujourd'hui".

(Source : Châteaux, logis et demeures anciennes de la Charente. Sous la dir. de J-P. Gaillard, ed. Bruno Sépulchre 1993 et 2005). 

Sansac, perle de Beaulieu-sur-Sonnette en Angoumois
Sansac, perle de Beaulieu-sur-Sonnette en Angoumois
Sansac, perle de Beaulieu-sur-Sonnette en Angoumois
Sansac, perle de Beaulieu-sur-Sonnette en Angoumois

"Sansac, siège d'une grosse exploitation agricole assume ainsi, au fil des siècles, la contradiction entre la puissance de ses bâtiments et son isolement géographique, loin des grandes villes qui attirent les fortunes capables de faire vivre de telles demeures. On monte au château par une allée qui serpente sur le roc, bordée de haies de buis soigneusement taillées. L'édifice, élevé en 1559 par Louis Prévost, comprend deux corps de logis en L. Le corps principal, ouvert aux étages par de larges fenêtres à meneaux, est flanqué au nord de deux grosses tours rondes qui n'ont pas la même hauteur pour s'adapter à la déclivité du terrain. Il est couvert d'une vaste toiture en tuiles plates qui s'harmonise avec les cônes des tours. En retour d'équerre, une aile constitue un second corps de logis, plus récent. Cette aile renferme une galerie au rez-de-chaussée refaite au XIXe s. La porte d'entrée se trouve dans l'angle intérieur. Les moulurations des amples fenêtres sont particulièrement soignées et donnent beaucoup d'élévation et de noblesse à cet ensemble, égayé par des terrasses qui partent de la base d'une ancienne tour. Sansac est assurément une solide forteresse, qui allie la puissance et le raffinement de la Renaissance, un noble et élégant belvédère. Son éloignement des grands centres urbains ou économiques pose le problème de son existence comme le lieu de vie rayonnant qu'il devrait être. (...) Sansac est vendu au début XIXe siècle à un bourgeois d'Angoulême, M. Montaxier, dont les deux fils, célibataires, laissent l'héritage à leur neveu, M. Vignaud. Le peintre Josué Gaboriaud (1883-1955), dont on peut voir les œuvres au musée d'Angoulême, séjourna alors à Sansac. Les occupants allemands commirent des déprédations pendant la Seconde Guerre Mondiale. Le fils de M. Vignaud préféra vendre le château en 1949 à M. Barot, industriel, ancien directeur de la fromagerie coopérative de Bougon dans les Deux-Sèvres, actuel propriétaire. Le nom de Sansac est toujours porté par des descendants, par des branches cadettes, de Louis Prévost, de Touchimbert, de La Vauzelle et de Traversay".

Source : Jacques Dumont, in Châteaux, manoirs et logis de la Charente, sous la dir. de P. Dubourg-Noves, 1993.

Sansac, perle de Beaulieu-sur-Sonnette en Angoumois
Sansac, perle de Beaulieu-sur-Sonnette en Angoumois
Sansac, perle de Beaulieu-sur-Sonnette en Angoumois

Le château de Sansac, à Beaulieu-sur-Sonnette (Charente) tel qu'on peut l'admirer aujourd'hui date du début XVIe siècle, a été construit à l'époque de Louis Prévost de Sansac, probablement sur les bases d'un château antérieur dont les traces les plus anciennes remontent aux XIVe et XVe siècle. Intrépide capitaine, "turbulent et colère" selon les mots de Brantôme,  était né à Cognac comme François Ier en 1506, et fut un de ses compagnons d'armes ; il le considérait comme l'un des quatre gentilshommes de Guyenne, "allants et venants : moi, Sansac, Esse et Châtaigneraye". Grand fauconnier en 1549, gouverneur de l'Angoumois en 1553, sénéchal de Saintonge en 1560, il reprit Angoulême aux Protestants en 1562. Lieutenant général de sa Majesté pour le duché de l'Angoumois, chevalier des ordres de Saint-Michel et du Saint-Esprit, il meurt en 1578 à la veille d'être nommé maréchal de France. Marié à Louise de Montbron, il eut un fils, Jean, baron de Sansac. Son frère Antoine fut archevêque de Bordeaux en 1591.

F.S.

Photos (c) : F. Sabourin, décembre 2020.

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L'eau monte !

29 Décembre 2020 , Rédigé par F.S Publié dans #rural road trip

Abondance de liquide à la confluence de la Charente, de la Bonnieure et du Son-Sonnette !  Les pluies diluviennes de ces derniers jours ont chargé la barque des deux rivières qui se jettent dans la Charente, à Puigelier près de Mansle, Mouton et Lichères. Déambulation hivernale en images.

L'eau monte !
L'eau monte !
L'eau monte !
L'eau monte !
L'eau monte !
L'eau monte !
L'eau monte !
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L'eau monte !
L'eau monte !

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Château de Fayolle, Abzac

26 Décembre 2020 , Rédigé par F.S Publié dans #rural road trip

Château de Fayolle, Abzac

Surgissant du brouillard confolentais, à Abzac, le château de Fayolle. Signifierait "petit bois de hêtres". En 1506 Antoinette Ambasmat épousa François de Couhé de Lusignan, qui donne au château - une construction très ancienne, probablement XIIIe siècle - l'aspect résidentiel qu'on lui connaît aujourd'hui. Cette famille conserve Fayolle pendant trois siècles. Il change de famille fin XVIIIe et au XIXe s. Donjon flanqué de contreforts pleins (comme Chauvigny, Niort, Angle-sur-Anglin, Loubressay ou La Mothe-de-Persac dans le Poitou voisin) ; il reçoit au XVIIIe s. une toiture à la Mansart en tuiles plates. Tour ronde d'escalier côté façade, toiture en poivrière. Au nord-ouest (non visible sur les photos) une quatrième tour, polygonale. Très élégant château du Confolentais, les contreforts pleins donnent de l'élévation à l'ensemble. (Source : Châteaux, manoirs et logis de la Charente, ss dir. de P. Dubourg-Noves).

Château de Fayolle, Abzac
Château de Fayolle, Abzac
Château de Fayolle, Abzac
Château de Fayolle, Abzac
Château de Fayolle, Abzac
Château de Fayolle, Abzac
Château de Fayolle, Abzac

(c) Fred Sabourin. Décembre 2020.

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Parfois, le réel désaltère l’espérance

22 Décembre 2020 , Rédigé par F.S Publié dans #édito, #rural road trip, #quelle époque !

- "Une vie pauvre, est-ce une pauvre vie ?" -

- "Une vie pauvre, est-ce une pauvre vie ?" -

« Chaque homme, dans sa nuit, s’en va vers sa lumière ». J’aime beaucoup me répéter cette citation de Victor Hugo, quand je regarde s’éloigner après leurs courses les bénéficiaires de l’épicerie solidaire itinérante que je coordonne depuis un an et demi, avec la vingtaine de bénévoles qui se donnent à fond pour apporter une aide alimentaire dans le Ruffecois. En cette fin d’année 2020, 170 familles y sont inscrites - soit exactement 400 personnes – et viennent chercher non pas du superflu, mais le strict nécessaire pour essayer de joindre les deux bouts entre deux distributions, tous les 15 jours dans les cinq communes où E.I.D.E.R. trimbale son épicerie ambulante (1).

« Une vie pauvre, est-ce une pauvre vie ? ». J’ai entendu cela récemment dans une émission de radio sur le thème de la précarité – le sujet est à la mode hélas. Ce questionnement est ma boussole quotidienne, celle qui m’évite la tentation de baisser les bras, avec ceux que la vie n’épargne pas, pour lesquels rien ne semble jamais changer dans le fatras de vies cabossées à tous les étages. Et pourtant, en moins de quinze jours trois petites lanternes viennent de s’allumer dans la nuit de 2020. Trois bénéficiaires ne reviendront plus chercher l’aide alimentaire à l’épicerie solidaire. Et c’est plutôt une bonne nouvelle ! Chacun a donné les raisons pour lesquelles on ne les reverra plus, avec le sourire qu’on a perçu à travers le masque : un mari qui a retrouvé du travail pour Alexandra, qui venait parfois les mercredis matin avec sa petite fille de 4 ans. Une retraite enfin digne de ce nom pour Jeanine, jeune retraitée qui a cumulé ses difficultés économiques avec de gros ennuis de santé. Un crédit de réparation de voiture terminé pour Jean-Claude, fringuant retraité de 80 ans à qui on donnait 10 ans de moins. Tous les trois se sont confondus en remerciements chaleureux, le regard empli de sincérité, pour le coup de main apporté grâce à une ouverture de droits alimentaires qui se veut toujours provisoire, mais dont on sait que celui-ci peut hélas durer un certain temps…

 « Mieux vaut allumer une petite lanterne que de maudire les ténèbres », dit une sagesse chinoise (Confucius si ça vous chante). J’ai donc choisi, en sillonnant les routes du Ruffecois cette semaine, de ruminer ces trois exemples de personnes qui, heureusement, vont s’en sortir au moins provisoirement. En essayant de garder à distance l’émotion qui pourtant m’a étreinte à ce moment-là, je me suis demandé si, à l’aube de ce Noël teinté de gris, ça n’était finalement pas ça qu’il fallait retenir de cette p… d’année 2020. Un petit bonheur fugace. Une fragile lueur dans la nuit. Une espérance désaltérée. Et ça, 2020, avec ton cortège de mauvaises nouvelles et de coups sur la tête, tu auras beau faire tout ce que tu voudras, tu ne m’enlèveras ni à moi ni aux bénévoles de l’association cette petite lanterne dans la nuit, à quelques heures de Noël…

Frédéric Sabourin

Coordinateur de l’épicerie solidaire E.I.D.E.R.

(1) Espace Itinérant D’aide alimentaire En pays Ruffecois.

Tribune publiée en partie dans Charente Libre du 22 décembre 2020. In extenso ici.

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Voulgézac : une histoire de tour

7 Décembre 2020 , Rédigé par F.S Publié dans #rural road trip

Voulgézac : une histoire de tour
Voulgézac : une histoire de tour
Voulgézac : une histoire de tour
Voulgézac : une histoire de tour

"Les 12 et 13 décembre 1758, le notaire royal Déroulède procède à la visite du château de Voulgézac, et en établit un procès-verbal, à la demande de François Coiffet, vicaire général et grand archidiacre du diocèse d'Angoulême. Ce procès-verbal est destiné à constater les dégradations dans le château, démolitions des gros murs qui forment le corps de bâtiment et tous les changements... (...) Il se dégage de ce procès-verbal que le château de Voulgézac devait être une vraie forteresse avec au moins sept tours. Le presbytère y était installé et l'occupant dégradait ou pour le moins n'entretenait pas. Il ne reste aujourd'hui sur le site qu'une tour proche de l'église. Les bâtiments, réédifiés depuis, sont toujours sous l'appellation locale de presbytère. Seule la tour subsistante, utilisée comme fuie, a été vendue le 10 juin 1791 à Clément, avoué à Angoulême, pour 250 livres. Les autres parties du château devaient alors avoir disparu".

(source : Châteaux, logis et demeures anciennes de la Charente, éd. Librairie Bruno Sépulchre. 2005).

Voulgézac : une histoire de tour
Voulgézac : une histoire de tour
Voulgézac : une histoire de tour
Voulgézac : une histoire de tour
Voulgézac : une histoire de tour
- La Croix Maigrin (XVIe et XVIIe s.) -

- La Croix Maigrin (XVIe et XVIIe s.) -

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Rural road trip. Saison 3. Les gens

4 Décembre 2020 , Rédigé par F.S Publié dans #rural road trip

L’hiver revient, et avec lui le froid, le frais, l’humide, le pas beau, le pas chaud, le gris, la nuit reviennent aussi. À vrai dire, il plane comme une impression d’hiver perpétuel, tant l’année semble interminable, ne laissant que peu de répit. L’été nous a écrasés de chaleur, c’est devenu une habitude. L’automne est passé comme une flèche. L’hiver est à nos trousses. 2020 c’est enfin la fin.

- Valence -

- Valence -

Ici, les gens ont l’hiver aux trousses aussi. Tout le temps. Les gens d’ici, dans la campagne, dans le rural, comme on dit. Ces gens qui surgissent des villages, des bourgs, des hameaux, dont certains ont rendu l’âme, depuis longtemps. Paulo (1) est de ceux-là. Il habite un village-rue déserté par l’ancienne route nationale 10. « La disse », comme on dit ici. Un village fantôme ou presque, une cité dortoir où ont poussé des pavillons semblables à tous les autres, où les anciennes maisons qui bordaient la RN10 ont été transformées en clapiers sociaux pour des habitants repoussés chaque jour davantage de la ville centre, distante d’une petite quinzaine de kilomètres. Paulo a presque 50 ans, et ne travaille plus. La faute à son dos, fracassé par des boulots physiques et des problèmes de santé mal soignés qui les accompagnent. Restauration, bâtiment, il a même eu ces dernières années sa petite entreprise, en liquidation judiciaire depuis un an. « Ça n’en finit pas », dit-il du bout des lèvres, cachées par son masque anti-covid. Sa maison, Paulo l’a acquise à la force des bras, et en se cassant le dos : il a tout refait dedans. 250 m² habitables, devenus trop grands pour lui et ses deux fils, quand toutefois ils viennent le voir... Paulo est pourtant debout. Toujours bien mis, quand il vient faire ses courses dans l’épicerie solidaire itinérante : chemise noire finement rayée, pull noir, pantalon anthracite, trois-quarts sombre, chaussures en cuir à lacets un peu chic. On dirait qu’il va prendre son service dans un restau, Paulo. Ou qu’il s’apprête à conduire une cérémonie d’obsèques avec les pompes-funèbres, c’est selon.  C’est sûrement sa façon à lui de rester digne, de sauver les apparences. Rasé de près, il semble clean, mais il a parfois le regard dans le vague. Dans le vide. Dans le vague à l’âme de sa vie grise, comme perdu dans ses pensées, qu’on imagine troublant son sommeil. Une fois ou deux, sa diction hésitante et pâteuse nous a alerté sur une possible ébriété, à 10h30 du matin. « La faute aux médicaments », a-t-il précisé, les mains un peu tremblantes en vidant les caisses du camion qui transporte l’épicerie ambulante. « Sans eux, je pèterais les plombs ». On ne lui demande pas « quels plombs », on devine. Il y a une forme de violence qui se dégage de lui, une énergie canalisée mais qui ne demanderait qu’à déborder. Entre deux portes, Paulo pourrait sortir de ses gonds. Quand on l’écoute dévider le récit du fil de sa vie, on comprend pourquoi il a la rage. 50 balais, un dos en vrac, un statut d’invalidité, une « RQTH » (reconnaissance de qualité de travailleur handicapé), un divorce, deux grands fils dans la nature, une baraque à la campagne sur les bras, peu de perspectives si on y réfléchit bien. Paulo a froid dans sa vie. Paulo a froid tout court. Sa maison a une seule vraie source de chauffage – une cheminée – mais pas de bois à mettre dedans pour faire une bonne flambée. Il y a bien les radiateurs électriques, mais ça coûte une blinde de chauffer si grand. « J’ai des radiateurs à bain d’huile pour les chambres et la salle de bain quand mes fils viennent », assure-t-il. Mais lui, au quotidien ? « Moi je m’en fous, ça va, la douche, ça dure cinq minutes, je me rhabille vite. L’été c’est bien, quand il fait chaud partout chez moi il fait frais ». L’été oui, mais l’hiver… L’hiver c’est maintenant. C’était hier aussi. Ce sera encore demain.

- Cellefrouin -

- Cellefrouin -

Il me fait aussi penser à ces deux femmes qui n’ont pas de chaudières : en panne, elles n’ont pas les moyens de débourser les 7 ou 8.000 € du changement, et attendent l’une un hypothétique micro crédit, l’autre un coup de pouce énergie peut-être pour pouvoir enfin prendre une douche chaude sans le système D. Marie-Laure, qui travaillait elle aussi dans la restauration et s’est faite « jetée » du boulot à l’aube de ses soixante ans, verra bientôt le bout du tunnel : elle va enfin toucher sa retraite « à taux pleins ». Sans rouler sur l’or, elle devrait pouvoir obtenir le prêt nécessaire à la réparation de sa chaudière. Finit les « grands stérilisateurs » dans lesquels elle fait « chauffer sur le gaz de l’eau pour me laver ». Elle habite un petit village à quelques kilomètres d’un fameux château aux mille ans d’histoire et de la famille d’un célèbre mémorialiste, à vendre 2,8 millions d’euros.

Et puis il y a aussi Christiane. Aujourd’hui, elle nous a dit « au revoir » : c’était sa dernière distribution alimentaire. Elle aussi va toucher sa retraite à taux pleins. « Ça m’a bien aidé de vous avoir » a-t-elle dit derrière son masque, les yeux pleins de reconnaissance. Au plus fort de la crise sanitaire, quand on ramait pour trouver des gants jetables, elle a même fait soixante kilomètres pour aller nous en chercher, parce qu’elle « connaissait un pharmacien qui en avait ». On avait beau lui dire qu’on aurait pu y passer nous-mêmes, elle avait insisté pour y aller. La générosité, ça vient souvent de ceux qui n’ont rien, ou pas grand chose. Leur richesse, c’est le don.

- Mouton -
- Mouton -

- Mouton -

Paulo, Marie-Louise, Christiane ont fait leurs courses, de produits « essentiels ». Chez nous, pas de superflu, ou si peu. Des grosses boules de noël cette semaine, 1€ les cinq. Quelques peluches en forme de brocolis pour les gosses, vingt centimes. Des lanternes chinoises à piles LR6. Un euro les cinq, la sixième gratuite. Ils ont payé 10% du prix de ce que ça coûterait en magasin. Une somme dérisoire, mais une somme quand même, qui permet de rester en lien avec la réalité. De ne pas se sentir complètement « assisté », aussi, surtout. Ils disparaissent par la grande porte vitrée de la salle polyvalente où est installé notre petit cirque ambulant. Je les regarde partir, le dos voûté, dans la fraîcheur humide d’un matin de décembre. Bientôt ils seront happés par les petites routes départementales pour rejoindre leurs villages, à bord de bagnoles souffreteuses. Ils disparaîtront dans la brume, derrière les façades de ces maisons sans charme, au milieu de bourgs battus par le vent, le silence seulement troublé par les aboiements des chiens, les pales des éoliennes, la balafre de la RN10 ou la saignée de la LGV. Jusqu’à la prochaine fois. Dans quinze jours.

F.S. 4/12/2020

(1) Tous les prénoms ont été modifiés.

- Sur la route -
- Sur la route -
- Sur la route -

- Sur la route -

Rural road trip, une série à retrouver ici ; ; et encore là aussi. Ça commencé il y a un an par là.

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Le jour où... (j'ai vu Giscard en vrai)

3 Décembre 2020 , Rédigé par F.S Publié dans #l'évènement

Le jour où... (j'ai vu Giscard en vrai)

Le 21 mai 2013, l'ex Président VGE vint adouber en Loir-et-Cher - où il vivait - la fameuse démarche prospective "Loir & Cher 2020". Naturellement à cette époque, il était impossible de prédire qu'en 2020 (nous y sommes) une pandémie mondiale ravagerait à peu près tout sur son passage ; que l'instigateur de cette fameuse démarche de prospection - M. Leroy, ancien ministre, président du Département - partirait 5 ans plus tard à la poursuite d'octobre rouge au bord de la Moskova afin de bâtir "le grand Moscou" après avoir bâti "le grand Paris" ; ni que son successeur considèrerait ses électeurs comme des gens bas du front (lui qui l'a bien dégarni). Mais enfin bon. On avait vu Giscard, passé une soirée pas trop désagréable, mangé des petits fours, et ouvert mon papier racontant la soirée pour l'hebdo dans lequel j'écrivais à l'époque comme ceci : "Les six cents personnes qui ont assisté, mardi 21 mai dernier, à la conférence de clôture du Président Valéry Giscard d’Estaing ont appris au moins deux choses : qu’il y a longtemps, au zoo de Vincennes, il s’est fait sauter dessus par un panda en rentrant de manière trop hardie dans leur cage. Et que dans le désert de Gobi, en Mongolie, on peut recevoir des SMS avec son téléphone mobile qui fonctionne, alors qu’à Authon, en Loir-et-Cher, non".

- Deux ex-présidents et un directeur de zoo (1ère photo) -
- Deux ex-présidents et un directeur de zoo (1ère photo) -
- Deux ex-présidents et un directeur de zoo (1ère photo) -

- Deux ex-présidents et un directeur de zoo (1ère photo) -

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