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Le jour. D'après fred sabourin

poesie

Avec le roi d'Amboise

20 Mai 2018 , Rédigé par F.S Publié dans #poésie, #émerveillement

Avec le roi d'Amboise

Le Temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s’est vêtu de broderie
De soleil luisant, clair et beau.

Il n’y a ni bête ni oiseau
Qu’en son jargon ne chante ou crie :
« le Temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie ».

Rivière, fontaine et ruisseau
Portent en livrée jolie
Gouttes d’argent et d’orfèvrerie.
Chacun s’habille de nouveau :
Me Temps a laissé son manteau.

Charles d’Orléans (1394-1465). Rondeaux. XXXI

Avec le roi d'Amboise
Avec le roi d'Amboise
Avec le roi d'Amboise
Avec le roi d'Amboise
Avec le roi d'Amboise
Avec le roi d'Amboise
Avec le roi d'Amboise
Avec le roi d'Amboise
Avec le roi d'Amboise
- "La Mort de Léonard de Vinci", 1781, François-Guillaume Ménageot. (Collection Musée-Hôtel Morin, Amboise) -

- "La Mort de Léonard de Vinci", 1781, François-Guillaume Ménageot. (Collection Musée-Hôtel Morin, Amboise) -

Avec le roi d'Amboise
Avec le roi d'Amboise
Avec le roi d'Amboise
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Enfants de Septembre

21 Septembre 2010 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #poésie

 

 

reduit SAB 5229

 

 

Les bois étaient tout recouverts de brumes basses,
Déserts, gonflés de pluie silencieux ;
Longtemps avait soufflé ce vent du Nord où passent
Les Enfants Sauvages, fuyant vers d’autres cieux,
Par grands voiliers, le soir, et très haut dans l’espace.

J’avais senti siffler leurs ailes dans la nuit,
Lorsqu’ils avaient baissé pour chercher les ravines
Où tout le jour, peut-être, ils resteront enfouis ;
Et cet appel inconsolé de sauvagine
Triste, sur les marais que les oiseaux ont fuis.

Après avoir surpris le dégel de ma chambre,
A l’aube, je gagnai la lisière des bois ;
Par une bonne lune de brouillard et d’ambre,
Je relevai la trace, incertaine parfois,
Sur le bord d’un layon, d’un enfant de Septembre.
(…)

Le jour glacial s’était levé sur les marais ;
Je restais accroupis dans l’attente illusoire,
Regardant défiler la faune qui rentrait
Dans l’ombre, les chevreuils peureux qui venaient boire
Et les corbeaux criards aux cimes des forêts.

Et je me dis : je suis un enfant de Septembre,
Moi-même, par le cœur, la fièvre et l’esprit,
Et la brûlante volupté de tous mes membres,
Et le désir que j’ai de courir la nuit
Sauvage, ayant quitté l’étouffement des chambres.
(…)

Mais les bois étaient recouverts de brumes basses
Et le vent commençait à remonter au Nord,
Abandonnant tous ceux dont les ailes sont lasses,
Tous ceux qui sont perdus, tous ceux qui sont morts,
Qui vont par d’autres voies en de mêmes espaces !

Et je me suis dit : ce n’est pas dans ces pauvres landes
Que les enfants de Septembre vont s’arrêter ;
Un seul qui se serait écarté de sa bande
Aurait-il en un soir, compris l’atrocité
De ces mauvais déserts et privés de légende ?

Patrice de La Tour du Pin (La Quête de joie)

 

reduit SAB 5234 

 

 reduit SAB 5221

 

 

 

reduit SAB 5241

 

 

 

reduit SAB 5226 

(c) Fred Sabourin. Blois 09/2010

 

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tu nous laisses solo, Mano...

11 Janvier 2010 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #poésie

Physique ascétique, visage taillé à la serpe et textes tout aussi tranchants : Mano Solo, auteur - compositeur inclassable, qui avait fait ses preuves dans les bistrots, les petites scènes de rien du tout (comme celle du Tourtour, impossible d'oublier ce moment...), immortel ou presque. T'es parti Mano, et avec toi un cortège de séropo en rémission qui nous rappelle qu'on ne meurt pas seulement de la gripette hache hein nain nain.
Le blogueur se souvient de concerts où on se faisait engueuler (sans trop savoir pourquoi), d'une voix cassée qui nous fendait le coeur pour y laisser entrer des textes d'une poésie infinie.
Mano, t'es parti de l'autre côté du pont, et sur ce blog un jour, il y a eu une p'tite chanson : 
les gitans  (cliquez dessus bande de nazes)
Ciao pantin.


Je n'y peux rien

"Le soleil couche ses rayons sur le corps d'une ville, il apaise les raisons et pour demain prépare ses p'tites folies. Je sais que le monde n'est pas une machine, je sais qu'il gronde, qu'il saigne et fulmine.
Et je n'y peux rien. J'aime tant la vie que chaque jour, elle recommence. Je n'ai cherché qu'une voix pour adoucir les violences. Je n'ai chanté que des vérités d'amour, je n'ai menti que pour tracer des routes de velours.
C'est une chance que de vivre de mots, une éternelle enfance à naviguer dans le beau ondulant, dans l'ondée musicale. C'est une aubade dans laquelle je me trimbale, c'est un voyage dans un espace nouveau, c'est une page qui se lit de bas en haut, une tour de Babel de rimes cruelles déroulant les coeurs en ribambelles. 
Je n'y peux rien, j'aime tant la vie que chaque jour elle recommence. Je n'ai cherché qu'une voix pour adoucir les violences. Je n'ai chanté que des vérités d'amour, je n'ai menti que pour tracer des routes de velours".

Mano Solo (album "Les Animals")

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les petites rivières vont vers la mer

16 Juillet 2009 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #poésie



« J’aime l’amour des marins qui embrassent et s’en vont, ils laissent une promesse et jamais ne reviennent. Dans chaque port attend une femme ; les marins embrassent, et s’en vont. Et puis, une nuit, ils se couchent avec la mort, dans le lit de la mer ».

Pablo Neruda, « Farewell »

 

 


 


les bords de "La Sure", près des Vans (Ardèche)
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Citation furtive (où il est question de hasard et de coïncidence)

25 Mai 2009 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #poésie


« La poésie ne propose pas de consoler l’homme de la mort, mais de lui faire entrevoir que la vie et la mort sont inséparables : qu’elles sont la totalité »

Octavio Paz (1914 – 1998)





Au détour d’un livre ouvert, ou d’une carte entrevue sur son présentoir, sans le vouloir ces petites citations isolées nous submergent quotidiennement. Souvent nous n’y faisons pas attention, mais rarement nous ne cherchons pas à les lire, à en découvrir la substantifique moelle et en rapporter quelque chose pour son extérieur jour, ou intérieur nuit. Elles nous tombent dans l’œil, comme une poussière de platane, et s’y fichant, elles restent quelques fois avec insistance. Les coïncidences veulent qu’elles sont de temps en temps pertinentes avec les sentiments, les états d’âme passagers, même clandestins.
On voudrait les chasser mais rien n’y fait : elles s’incrustent, malgré le hors contexte qui les balade à tous les vents, malgré l’ignorance furtive de l’origine de l’auteur. « Mais si, tu sais, c’est le type qui a écrit… ah zut… comment c’est déjà ce bouquin ? A moins que ce ne soit… ». Au final, peut importe, nous irons vérifier dans un dictionnaire qui est l’auteur de cette orpheline phrase poétique, de cet aphorisme ou maxime qui nous servira de béquille, le jour venu. D’ailleurs les plus consciencieux – et les collectionneurs qui sont souvent les mêmes – les notent dans des cahiers à spirales, ou des répertoires, se jurant de s’en resservir, « au cas où ».
Hasard malicieux celle-ci, 25 mai de l’an Neuf, tombait à pic. Et le plaisir du gourmet consiste, comme le poète, à ne pas s’en justifier. Comme la rose, elle est sans pourquoi. Elle fleurit parce qu’elle fleurit.
Et c’est tout.









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les yeux dans le vague

8 Mars 2009 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #poésie

Elle avait les yeux dans le vague. A l’âme des bleus des coups portés longtemps auparavant. Dans le cœur, des marques de fer rougit aux larmes du désir inassouvie. Ou trop tôt disparu. Ou pas encore revenu.
Elle avait les yeux dans le vague et regardait le soleil apparaître entre deux pentes neigeuses qui défilaient tel un rideau à travers la vitre. Dans la diligence, le sommeil des voyageurs était encore lourd et formait comme un brouillard épais à l’horizon. Chacun était enveloppé de ce coton tentant de l’aménager au mieux. Musique dans les oreilles, lectures matinales. Sieste réparatrice et annonciatrice d’une longue journée.
Elle avait les yeux dans le vague et l’écume du jour se levait lentement.
J’aurais voulu être marin pour lever l’encre de ces yeux qui semblaient déjà si loin, rêvant à des paradis terrestres, des îles, des plages, des montagnes de sucre et des volcans de souffre. Un albatros passait au dessus d’elle : l’âme d’un poète, se dit-elle.
Elle avait les yeux dans le vague et je me sentais au bord du vide.
Il fallait franchir le Rubicon, ce que personne ne fit.

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L'hiver des poètes

18 Janvier 2009 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #poésie



Le printemps des poètes est encore loin, mais nous sentons parfois frémir sous nos augustes pas les prémices de ce renouveau chaque année attendu. Loin de toutes spéculations financières, sans doute ce poète-là (ou celle-là !) n’avait plus de papier à disposition pour y coucher ses mots doux. Ou bien celui – ou celle, répétons-le à l’envie – qui se pencha sur le sol pour y écrire un mot de sa plume, laisse ce message sur le trajet quotidien de l’être aimé. Ou désiré comme tel. Car les esprits les plus aiguisés – et il y en a à la lecture de ces billets – feront remarquer que la prose commence par « moi ». Ce qui signifie quelqu’un bien de son époque, le moi-isme étant sans doute la valeur refuge la mieux partagée de cette période si folle que nous vivons. Un brin nombriliste, ce moi cherche pourtant à sortir de son égoïsme : associé au verbe aimer, ce moi voudrait bien trouver son toi pour finir, pourquoi pas, sous le même toit.

La vie est une question de priorité : charité bien ordonnée commence par soi même, dit la sagesse populaire. Une fois faite, le moi peut vouloir toi.
Et l’aimer.
Point.




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Göttingen

1 Juin 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #poésie



Bien sûr ce n’est pas la Seine
Ce n’est pas le bois de Vincennes
Mais c’est bien joli tout de même
Göttingen, Göttingen.
Pas de quais et pas de rengaine
Qui se lamentent et qui se traînent
Mais l’amour y fleurit quand même
A Göttingen, à Göttingen.
Ils savent mieux que nous je pense
L’histoire de nos rois de France
Herman, Peter, Elga et Hans
A Göttingen
Et que personne ne s’offense
Si les contes de notre enfance
« Il était une fois » commencent
A Göttingen, à Göttingen.

Bien sûr nous nous avons la Seine
Et puis notre bois de Vincennes
Mais Dieu que les roses sont belles
A Göttingen, à Göttingen
Nous, nous avons nos matins blêmes
Et l’aube grise de Verlaine
Eux, c’est la mélancolie même
A Göttingen, à Göttingen.
Quand ils ne savent rien nous dire
Ils restent là à nous sourire
Mais nous les comprenons quand même
Les enfants blonds de Göttingen
Et tant pis pour ceux qui s’étonnent
Et que les autres me pardonnent
Mais les enfants ce sont les mêmes
A Paris ou à Göttingen
Faites que jamais ne revienne
Le temps du sang et de la haine
Car il y a des gens que j’aime
A Göttingen, à Göttingen.

Et lorsque sonnerait l’alarme
S’il fallait reprendre les armes
Mon cœur verserait une larme
Pour Göttingen, pour Göttingen.

Barbara


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chanson à texte

10 Mai 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #poésie

                                                         Le temps qui reste




Combien de temps...
Combien de temps encore
Des années, des jours, des heures, combien ?
Quand j'y pense, mon coeur bat si fort...
Mon pays c'est la vie.
Combien de temps...
Combien ?

Je l'aime tant, le temps qui reste...
Je veux rire, courir, pleurer, parler,
Et voir, et croire
Et boire, danser,
Crier, manger, nager, bondir, désobéir
J'ai pas fini, j'ai pas fini
Voler, chanter, parti, repartir
Souffrir, aimer
Je l'aime tant le temps qui reste

Je ne sais plus où je suis né, ni quand
Je sais qu'il n'y a pas longtemps...
Et que mon pays c'est la vie
Je sais aussi que mon père disait :
Le temps c'est comme ton pain...
Gardes-en pour demain...

J'ai encore du pain
Encore du temps, mais combien ?
Je veux jouer encore...
Je veux rire des montagnes de rires,
Je veux pleurer des torrents de larmes,
Je veux boire des bateaux entiers de vin
De Bordeaux et d'Italie
Et danser, crier, voler, nager dans tous les océans
J'ai pas fini, j'ai pas fini
Je veux chanter
Je veux parler jusqu'à la fin de ma voix...
Je l'aime tant le temps qui reste...

Combien de temps...
Combien de temps encore ?
Des années, des jours, des heures, combien ?
Je veux des histoires, des voyages...
J'ai tant de gens à voir, tant d'images..
Des enfants, des femmes, des grands hommes,
Des petits hommes, des marrants, des tristes,
Des très intelligents et des cons,
C'est drôle, les cons ça repose,
C'est comme le feuillage au milieu des roses...

Combien de temps...
Combien de temps encore ?
Des années, des jours, des heures, combien ?
Je m'en fous mon amour...
Quand l'orchestre s'arrêtera, je danserai encore...
Quand les avions ne voleront plus, je volerai tout seul...
Quand le temps s'arrêtera..
Je t'aimerai encore
Je ne sais pas où, je ne sais pas comment...
Mais je t'aimerai encore...
D'accord ?

Jean-Lou Dabadie ; Serge Reggiani


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vivre à l'an vers

22 Avril 2008 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #poésie

 


« Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, d’hommes et de choses, il faut connaître les animaux, il faut sentir comment volent les oiseaux et savoir quel mouvement font les petites fleurs en s’ouvrant le matin.
Il faut pouvoir penser à des chemins dans des régions inconnues, à des rencontres inattendues, à des départs que l’on voyait longtemps approcher, à des jours d’enfance dont le mystère ne s’est pas encore éclairci, à des maladies d’enfance qui commençaient si singulièrement par tant de profondes et graves transformations, à des jours passés dans des chambres graves et contenues, à des matins au bord de la mer, à la mer elle-même, à des mers, à des nuits de voyages qui frémissaient très haut et volaient avec toutes les étoiles, - et il ne suffit même pas de savoir penser à tout cela.



Il faut se souvenir de beaucoup de nuits d’amour, dont aucune ne ressemblait à l’autre, de cris de femmes hurlant en mal d’enfant, et de légères, de blanches, de dormantes accouchées qui se refermaient.
Il faut encore avoir été auprès de mourants, être resté assis auprès de morts, dans la chambre, avec la fenêtre ouverte et les bruits qui venaient par à-coups. Et il ne suffit pas d’avoir des souvenirs.
Il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux, et il faut avoir la grande patience qu’il reviennent. Car les souvenirs eux-mêmes ne sont pas encore cela.



Ce n’est que lorsqu’ils deviennent en nous sang, regard, geste, lorsqu’ils n’ont plus de nom, et qu’ils ne se distinguent plus de nous, c’est alors qu’il peut arriver qu’en une heure très rare, du milieu d’eux, se lève le premier mot d’un vers ».

Rainer Maria Rilke.

 

 

 "Le Peu Saint-Jean", Coursac, Charente.

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