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Le jour. D'après fred sabourin

etonnement

L’amitié, cette enfant du hasard (en slip)

18 Août 2020 , Rédigé par F.S Publié dans #étonnement, #quelle époque !, #littérature, #l'évènement

L’amitié, cette enfant du hasard (en slip)

« Dis papa, pourquoi tu as aimé ça être militaire ? À cause de cette caserne ? ». Pas facile d’expliquer à une enfant de 9 ans pourquoi un tel lieu – une ancienne caserne landaise reconvertit en cité administrative – suscite autant d’attrait, 24 ans plus tard, allant jusqu’à provoquer un détour de 48 km sur la route du retour des vacances... C’est d’autant plus étrange que l’accueil se faisait à l’époque où elle tournait à plein régime par un bâtiment nommé « Solférino » : le « gnouf » de la dite caserne. Pour les férus d’histoire, Solférino est le nom d’une bataille de la campagne d’Italie, le 24 juin 1859, en Lombardie. C’est aussi le nom d’une petite commune des Landes, à quelques kilomètres de là. Dans la caserne Bosquet, « Solférino » était le nom des geôles où les punis de la semaine allaient essayer de dormir quelques heures, roulés dans une couverture en laine kaki, avant d’être réveillés bien avant l’aube pour effectuer les fameux « TIG », travaux d’intérêts généraux. Bienvenue à bord, jeunes bleues-bites ! Vous saviez où vous mèneraient vos égarements en cas d’écarts de conduite…

L’amitié, cette enfant du hasard (en slip)

La commune où se trouvent un père et sa fille ce jour nuageux mais chaud d’août est préfecture du département des Landes : Mont-de-Marsan. Une préfecture un peu isolée au milieu des bois, une petite cité aux allures de sous-préfecture, à peine desservie par le chemin de fer sur une voie unique et non électrifiée. Deux autoroutes passent au large, suffisamment pour faire hésiter le touriste à faire le crochet, réduisant les tentations de venir s’y perdre. Aucun véritable attrait patrimonial ou architectural en particulier, à moins de considérer que des arènes de tauromachie en soient. Des routes nationales s’en échappent en étoile, en direction de Dax, Agen, Pau et Bordeaux, fendant l’air chaud et humide entre les grands pins et les champs de maïs, à perte de vue. Mais revenons en arrière.

Un matin d’octobre 1996, plusieurs centaines de conscrits – c’était leur nom – ont convergé de la gare vers la caserne Bosquet, distante de deux bons kilomètres, pour y effectuer ce qu’on appelait encore leurs obligations militaires. C’était juste avant que Jacques Chirac ne signa la fin de la conscription, jugée inégalitaire, un brin dépassée et que les plus nantis fils à papa esquivaient joyeusement. Certains appelés y allaient cependant parfois avec entrain (rares mais il s’en trouvait). L’essentiel des conscrits ce jour-là affichait la mine timorée de ceux qui s’y résignent faute de mieux : quand faut y aller, faut y aller, et vivement la fin, bordel.

L’amitié, cette enfant du hasard (en slip)
L’amitié, cette enfant du hasard (en slip)
L’amitié, cette enfant du hasard (en slip)

Vingt-quatre heures après le début, la scène est bien réelle et aurait été digne d’une chanson de Brel. Qu’on imagine une longue file d’attente de futurs paras en slips (vive l’armée française !), survêtements pliés sous le bras, la boule à zéro, attendant leur tour pour se faire injecter des doses de vaccins dans un couloir d’infirmerie au carrelage blanc comme un asile, éclairés de néons étincelants et sentant l’eau de javel. Au bout du couloir, un médecin-chef, à lui seul remède à n’importe quelle maladie tropicale ou équatoriale que ces appelés du contingent pourraient attraper dans d'exotiques contrées où  les parachutistes coloniaux qu’ils allaient devenir étaient censés se rendre, un jour. Le capitaine médecin, flanqué de deux infirmiers, piquaient à tour de bras : fièvre jaune, typhoïde, tétanos et autres joyeusetés en guise de cocktail de bienvenue. Parmi les blancs becs, certains roulaient déjà des mécaniques, forts en gueule ; mais la plupart tentaient de regarder ailleurs en la bouclant. L’un d’entre eux tenait pourtant conversation civilisée avec un autre de ses semblables au sujet de livres. Oui, vous avez bien lu : de livres. Ça valait le coup de tendre l’oreille : il y avait donc ici un ou plusieurs extra-terrestres qui lisaient des livres ! Le contingent d’octobre, classiquement celui des étudiants, avait en effet mauvaise réputation : c’était celui des « intellos », propices à la contestation des ordres établis, propre à tenir tête, à dénoncer les ordres cons bref : des suspects qu'il  convenait de maintenir dans le rang. Il s’approcha du gars dont il ignorait encore le nom et qui parlait de livres. Il disait « en emporter  un partout quand il ne pouvait en emporter aucun autre », et qui, selon lui, pouvait être lu et relu sans lassitude. C’était L’Anthologie de la poésie française, par Georges Pompidou. Un trésor de la langue française en 450 pages serrées format livre de poche du normalien-banquier-Premier ministre-Président de la République. Prenant part à la conversation, il déclara avoir emporté pour sa part Céline, Voyage au bout de la nuit, dont il ne dépassa pas 50 pages, vu le programme annoncé. Dans cette infirmerie militaro-médicale, entre les pesées et prises de mesures, les piqûres les faisaient ressortir « bons pour le service » (mais de qui ?).

Le temps leur paru cependant trop court : 24 ans plus tard, ce conscrit anonyme ne le fut pas longtemps, il est devenu un ami, un camarade, un frère. Grâce à lui, sa vie fut probablement différente de ce qu’elle aurait pu être alors. Car à l’issue de ces quelques mois de campagne – qu’il serait trop long ici et maintenant de détailler – le lecteur de Pompidou lui fit découvrir sa montagne favorite à quelques kilomètres de « Bosquet » : la vallée d’Ossau en Pyrénées, dont il n’est jamais vraiment redescendu. Il est des lubies qui prennent parfois leur source dans les hasards de l’existence. Celle-ci en est l’enfant, devenu adulte (24 ans donc) qu’il était temps de présenter au prolongement de sa propre existence, questionnant de ses grands yeux bleus ces vieilles coutumes viriles si étranges.

Il en va ainsi de l’amitié : elle naît du hasard et des coïncidences, sans qu’on ne l’ait ni voulue ni calculée.

L’amitié, cette enfant du hasard (en slip)

Tranquillement assis à l’ombre des grands platanes qu’il avait connu et ramassé les feuilles, automne 96 ; le derrière dans l’herbe rase entourant la médiathèque montoise tout de verre et d’acier qui trône à présent dans l’ancienne cour de la caserne – dont subsistent la plupart des bâtiments et les fameux platanes bordant les anciennes allées qui résonnent encore de leurs chants de « l’ordre serré » ; ils ont parlé de ce temps lointain qui ne reviendra plus, mais demeure vivant par ce qu’il y fit et vécu. De ce qu’il en a conservé, aussi. Car demeurait la question du début : « pourquoi tu as tant aimé être ici ? », insistait-elle auprès de son père, en mastiquant un sandwich rôti de porc-mayonnaise-cornichons.  

« Parce que je m’y suis fait un Ami, ma petite, que tu connais d’ailleurs », répondit-il. « Et que cette amitié n’a pas de prix ». Voilà la leçon du jour, jeune padawan. Retiens-là, et fais de même, si tu peux.

 

"Il faut à l'amitié beaucoup de temps ; elle a besoin d'être incorporée et sans doute nouée dans l'enfance. Elle m'a détaché de l'humanité et de son avenir. Mais peu m'importent aussi les folies de l'humanité. Je pense qu'elle produira toujours de ces êtres rares auxquels on peut s'attacher, et cela suffit".

(Jacques Chardonne, Le Bonheur de Barbezieux. 1934).

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Entreroche, entre-roches...

8 Décembre 2019 , Rédigé par F.S Publié dans #étonnement, #regarde-la ma ville

- "ces murs témoins de votre jeunesse ont surement été des jours pleins d'allégresse. Le gauthier Louis"  -

- "ces murs témoins de votre jeunesse ont surement été des jours pleins d'allégresse. Le gauthier Louis" -

Sous le plateau karstique de Bussac-Entreroche-Antornac, aux portes d'Angoulême en allant vers l'Est, existent des carrières très anciennes, dont les premières traces d'extraction des pierres remonteraient au Moyen-Age, au XIIe siècle lors de la construction de l'église Saint-Cybard de Magnac/Touvre. Les terres de Magnac auraient été données en 852 à l'abbaye Saint-Cybard d'Angoulême, selon l'abbé Pierre Lescurat (1884-1935).

Dans ces carrières peu accessibles et dont les entrées sont bien cachées par la végétation, on trouve un certain nombre de graffitis remontant au XIXe et début XXe siècle, jusque dans les années 40 avec de nombreux témoignages du passage de conscrits venus là écrire sur la pierre le témoignage de leur amour, qui pour une "bergère", qui un prénom, qui des initiales... Nous reviendrons sur ces carrières et leur histoire après quelques recherches que nous espérons fructueuses.

Entreroche, entre-roches...
Entreroche, entre-roches...
"Cleyrat Paul classe 1935. actuellement à la 224eme batterie DCA. attend l'armistice avec impatience. Le 13-4-40". (dessin : un cœur traversé d'une flèche. Inscription G.R). / "Grégoire André. Classe 35".

"Cleyrat Paul classe 1935. actuellement à la 224eme batterie DCA. attend l'armistice avec impatience. Le 13-4-40". (dessin : un cœur traversé d'une flèche. Inscription G.R). / "Grégoire André. Classe 35".

L. Cille. Verdun - Meuse 1914 - 1915

L. Cille. Verdun - Meuse 1914 - 1915

Entreroche, entre-roches...
Entreroche, entre-roches...
Entreroche, entre-roches...
Entreroche, entre-roches...
Entreroche, entre-roches...
Entreroche, entre-roches...
Entreroche, entre-roches...
- no comment, tout le monde aura compris -

- no comment, tout le monde aura compris -

- Une date : 20 mai 1892 -

- Une date : 20 mai 1892 -

"Cleyrat Paul canonnier au 62eme d'artillerie d'afrique. Tnis (Tunisie). Classe 1935. actuellement Brigadier au 404eme RACA. Le 13.3.40. à ma petite Bergère bien aimée. G.R. Cleyrat Paul". (dessin : un cœur enflammé. Inscription : "mon cœur").

"Cleyrat Paul canonnier au 62eme d'artillerie d'afrique. Tnis (Tunisie). Classe 1935. actuellement Brigadier au 404eme RACA. Le 13.3.40. à ma petite Bergère bien aimée. G.R. Cleyrat Paul". (dessin : un cœur enflammé. Inscription : "mon cœur").

Entreroche, entre-roches...
- D. Delage. ? d'armes au 2e zouave 2e compagnie 4e bataillon à Oran Algérie

- D. Delage. ? d'armes au 2e zouave 2e compagnie 4e bataillon à Oran Algérie

Entreroche, entre-roches...
Entreroche, entre-roches...
Entreroche, entre-roches...
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Entreroche, entre-roches...
Entreroche, entre-roches...
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Allez zou, à Beauval !

6 Septembre 2018 , Rédigé par F.S Publié dans #étonnement, #émerveillement

Allez zou, à Beauval !

Implanté à Saint-Aignan (41), dans le top 10 des plus beaux zoos du monde, Beauval est le zoo de tous les superlatifs. La famille Delord, aux commandes depuis le début de l’aventure, met tout en œuvre pour la préservation des espèces, tout en dopant la fréquentation. Point d’orgue en 2017 : la naissance d’un bébé panda, trésor national en Chine.

(article paru dans un magazine touristique en mai 2018)

Allez zou, à Beauval !
Allez zou, à Beauval !
Allez zou, à Beauval !

10.000 animaux sur 40 hectares ; 600 espèces différentes ; 5,6 tonnes de nourriture par jour ; 4 vétérinaires menant une clinique unique en France ; 79 soigneurs et 1,450 millions de visiteurs l’année dernière (+ 7,4 % par rapport à 2016) : le zoo de Beauval n’en finit plus d’époustoufler et de séduire par ses mensurations hors norme. Et ça n’est pas fini ! Un troisième hôtel – les Hauts de Beauval – ouvrira ses portes cette année dans une ambiance africaine. Un « biodôme » tropical en forme de bulle demi-sphérique est en construction sur 1,5 hectare, soit à peu près l’équivalent de deux terrains de football. Il permettra de doper la fréquentation en basse saison, mais surtout, aux dires de Rodolphe Delord, de poursuivre une haute qualité de préservation des espèces, la priorité des priorités de Beauval depuis le début de l’aventure, dans les années 80 avec Françoise Delord, qui vint installer ses volières et collections d’oiseaux dans ce petit vallon à quelques kilomètres du Cher.

Allez zou, à Beauval !
Allez zou, à Beauval !
Allez zou, à Beauval !
Allez zou, à Beauval !
Allez zou, à Beauval !

La conservation de la faune en milieu naturel est depuis le début une préoccupation majeure à Beauval : depuis plus de trente ans, le zoo finance et aide sur place des chercheurs, vétérinaires, des associations qui œuvrent concrètement pour sauver les espèces menacées. Un exemple parmi d’autres, mais unique au monde : saviez-vous qu’à Beauval, la première banque mondiale de semence d’éléphants joue un rôle primordial dans la conservation d’une espèce extrêmement menacée, permettant des inséminations artificielles tout en favorisant la diversité génétique. Stockée à Beauval par -180°, la semence d’une quinzaine de mâles a été prélevée pour être ensuite redistribuée à des parcs zoologiques internationaux. De même, la clinique vétérinaire, ouverte en 2017, est un véritable centre de recherche permettant de faire évoluer la science vétérinaire, grâce à la collecte et l’analyse des données des espèces présentes dans le parc.
 

Allez zou, à Beauval !
Allez zou, à Beauval !
Allez zou, à Beauval !
Allez zou, à Beauval !

Le zoo est aussi la plus grande maternité zoologique de France : 750 naissances en 2017 (sans compter les poissons…), dont « mini Yuan zi » baptisé par la suite de son vrai nom Yuan Meng, le bébé panda le plus célèbre du monde, né le 4 août 2017. Si chaque naissance représente un évènement, celui-ci fut indépassable. Plus qu’attendu : ardemment désiré depuis l’arrivée de Huan Huan et Yuan zi en 2012, cette naissance fut compliqué à faire venir du fait de la très courte période de fertilité de la femelle (environ 48h par an) et de la libido du mâle, peu prononcée. Âgé aujourd’hui de presque un an, Yuan Meng court, aime jouer et se rouler sur le sol, se nourrit de bambou (30 tonnes par an pour ses deux parents jusqu’alors) et joue beaucoup avec sa mère. De plus en plus autonome, il pèse environ 30 kg.

Depuis le printemps, le zooparc de Beauval accueille une espèce emblématique : les loups arctiques. Ils ont pris possession d’un vaste territoire de 3.700 m², où au milieu coule une rivière… Les visiteurs, guidés sur une passerelle en bois peuvent également apercevoir les ours bruns sur un territoire de 4.500 m². Les guépards, athlétiques félins, se sont vu offrir 6.000 m². Depuis une plateforme les visiteurs peuvent admirer cet animal captivant mais malheureusement menacé, classé « espèce vulnérable » par l’Union internationale pour la conservation de la nature.

Allez zou, à Beauval !

J’ai testé pour vous : la Terre des lions

Ne le dite pas à vos adolescents, ça pourrait les inspirer : le lion est un des animaux qui dort le plus, avec environ 14 heures de sommeil par jour ! Cependant, quand ils sont en éveil, quelle beauté, dans le nouvel espace de 5.300 m² pour les lions d’Afrique, inauguré en 2017. Les majestueux félins trônent désormais dans leur nouveau territoire, non loin des célèbres hippopotames. On y arrive par un long tunnel et l’on se retrouve presque face à face mais n’ayez crainte : ils sont tenus à distance par une sorte de douve remplie d’eau, car si le lion dort beaucoup, il n’en demeure pas moins un redoutable félin ! Un bassin alimenté par une splendide chute d’eau, des rochers et des fossés rendent l’ambiance africaine encore plus réaliste. Plusieurs fois par jour des animations sont proposées à proximité par les animateurs du zoo, parfaits connaisseurs des lions, afin de mieux connaître ce « roi des animaux ».

Allez zou, à Beauval !
Allez zou, à Beauval !
Allez zou, à Beauval !
Allez zou, à Beauval !
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Héraldique (ta mère)

30 Juin 2014 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #étonnement

 

 

Armoiries Angleterre 1422 copie

 

 

Disons-le tout net : la dernière livraison du Mag Loir & Cher hors série été 2014 est une réussite. Photos superbes, idées de balades et mise en valeur des richesses territoriales : en un mot comme en cent, bravo.

Mais il y a un petit détail qui cloche : la photo de Une. Le garçonnet brandissant une épée, à califourchon sur un cheval de bois, vêtu d’une cotte de mailles et coiffé d’une couronne, porte un blason… anglo-normand. Sur fond d’une photo du Château de Chambord, s’il vous plaît ! La collectivité territoriale de Loir-et-Cher irait-elle jusqu’à proposer un nouveau redécoupage des régions et, finalement, un rattachement de la Région Centre avec les léopards de Normandie ? Voire une soumission à la Reine d’Angleterre ? On en frémit…

Ces léopards d’or sur fond de gueule sont en effet le symbole héraldique des ducs de Normandie, et, lorsqu’ils sont trois, d’Angleterre. Sur le blason porté par le jeune enfant, il est écartelé avec le blason du roi de France : une fleur de lys or sur fond azur (symbole du rattachement du duché de Normandie au royaume de France lors du règne de Philippe Auguste à la fin du XIIe siècle, mais, un siècle plus tard, la soumission au royaume d’Angleterre). Rien à voir avec le blason des Valois et de François Ier (même s’ils ont en commun les fleurs de lys d’or sur fond azur), qu’il eut été sans doute plus opportun de faire pavoiser sous les cheminées de Chambord.


On ne peut pas tout demander aux "services communication" : faire de la " com’ ", ou faire de l’histoire…

" Et vive nostre bon roy François ! "

 

 

Heraldique

 

 

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Sabourin Raphaël, "mort pour la France"

13 Mai 2014 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #étonnement

 

 

archives J711398R

 

 

Ou plus exactement "tué à l'énnemi", comme on dit sur sa fiche de renseignements trouvée il y a quelques années sur le site Mémoire des hommes. Du récent rangement et tri de divers papiers dans des boîtes à gâteaux "souvenirs" exhument le précieux document.

Où l'on se dit qu'un déplacement sur place s'impose, à La Ville-aux-Bois-lès-Pontavert, dans l'Aisne, à la nécropole nationale, au dessus de la tombe n° 3936.

On en reparlera, donc, du "Bois des Buttes"...

 

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Jeux de main

23 Juin 2012 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #étonnement

 

 

 SAB 4249 R

 

 


Au détour des Promenades photographiques de Vendôme, il y a une exposition à ne pas manquer : « Détenus, des hommes » (un projet photographique et rédactionnel réalisé par les détenus eux-mêmes). C’est là que nous avions inopinément rendez-vous avec « elles. » Devant cette main, à l’alliance bien visible, devant la porte de la maison d’arrêt de Blois, l’une d’elles s’arrête, scrute la main, et interpelle ses deux copines : « Celle-là, elle ne va pas vivre longtemps, » dit-elle. Revenant sur leurs pas, elles regardent cette main et interrogent leur copine, qui semble sur d’elle : « Elle a une croix sur sa ligne de vie ! » Ce qui signifie la mort. Et les voilà parti à scruter leurs propres mains pour vérifier qu’elles n’ont pas pareil malédiction…
J’étais derrière elles, et elles ne m’ont jamais vu. L’angle était parfait, la superposition des plans aussi, je n’avais plus qu’à faire la photo.

Et c’est seulement après qu’elles se sont éloignées que j’ai enfin pu, moi aussi, regarder ma main gauche et cette fameuse « ligne de vie. » Ouf ! Pas de croix. Mais à bien y regarder, elle me paraît bien courte…

 

 

SAB 4263 R

 

 

 SAB 4252 R

 

 

 

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Dépendaison de crémaillère

10 Février 2012 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #étonnement

 

 

 

 


L’année dernière, j’ai narré ici même un Un déjeuner sur l'herbe  , à la préfecture du département où je vis et travaille. Cette année, le préfet a réinvité la presse à déjeuner. Il y avait deux raisons valables pour ne pas rater ça : je voulais savoir si les places autour de la table allaient être redistribuées. Et vingt quatre heures avant, nous avons appris – en même temps que l’intéressé lui-même – qu’il était nommé ailleurs très prochainement, dans un placard (le Conseil supérieur de l’administration territoriale, une sorte d’organe de contrôle du ministère de l’Intérieur sur l’action des préfets et sous-préfets, faire du conseil et des audits). Il sera remplacé par l’actuel directeur de cabinet de Madame la ministre de la Santé et de la Cohésion sociale (une certaine Roselyne B.). Le vol des hauts fonctionnaires vers des aires de nidification plus clémentes à l’approche du printemps électoral a commencé, depuis plusieurs mois déjà, et le vol de ces oiseaux migrateurs est loin d’être terminé.
 

J’ajoute en chemin une troisième bonne raison : j’avais envie de voir où je serai placé par rapport à Madame le sous-préfet, dont j’ai déjà vanté ici le charme discret mais efficace des fonctionnaires d’État perdus dans la cambrousse provinciale du Vendômois.

 

 

IMGP3917

 

 

En arrivant, par le petit chemin déneigé de la cour de la préfecture recouverte d’un blanc manteau d’hiver (séquence poésie mais ce ne sont hélas pas des alexandrins), nous étions quelques uns à nous demander comment notre hôte allait prendre la chose. Débarrassés de nos oripeaux de la banquise, nous avons vite été rassurés, si l’on peut dire. Il le prend mal. Pour tout dire, assez mal. Mais comme c’est un fidèle serviteur de l’État (loué soit-il), il n’en montre rien, ou si peu. Il sait, car c’est le devoir des soutiers du corps préfectoral, qu’il tient autant du parachutiste pouvant du jour au lendemain faire ses cartons que de l’inamovible bourgeois gentilhomme de province. Personnellement, je ne vois pas pourquoi je pleurerais sur l’affaire. Le serveur me propose un whisky (il commence à me connaître) que j’accepte avec plaisir. Sur ce, je taille une bavette avec le Secrétaire général, précédemment en poste à Oloron-Sainte-Marie dans le Béarn, à une portée de canon de la vallée d’Ossau. D’un coup, on s’éloigne du sujet du jour lui et moi, à grands coups de paysages, de bérets béarnais et basques (pas pareil), de fromage de la vallée (échange d’adresses), de brebis égarées dans les estives, et de « Jean-Pierre », là bas, au loin, du haut de ses 2884 mètres. Le temps passe vite, et je suis à sec de whisky. Ce n’est pas grave, on passe à table, dit la maîtresse de maison, en l’occurrence le préfet lui-même.

 

 

 IMGP3915

                                              - Cette année -  

 

 

Sur le petit carton reçu en arrivant, j’avais vu au petit trait rouge matérialisant ma place que j’avais pris du galon depuis l’année dernière : j’allais être à gauche du préfet. Allusion politique ? Je ne pense pas, sa voisine de droite, directrice départementale d’un quotidien local radical-socialiste, l’est sans doute bien plus que moi. En m’asseyant, je repense au mot gauche en italien, qui se dit sinistra, en référence aux malheurs qui arrivent toujours du côté opposé de la droite de Dieu. A ma « sinistra » à moi, il y a la directrice de cabinet du préfet. En face de moi, légèrement sur ma gauche (mais si peu), il y a… Madame le sous-préfet. Elle semble s’ennuyer, déjà. J’en aurai confirmation une heure plus tard, à la fin du repas, lorsque je me rendis compte que je n’avais entendu le son de sa voix que deux fois : lorsqu’elle me dit bonjour, et pour dire « merci » au serveur qui lui proposait une panière de fruits en lieu et place des crêpes au chocolat que nous avions, nous. Était-ce déjà les prémices de sa future nomination – punition ? Ou plus sûrement, vu sa taille fine, une coquetterie de femme habitué à bâfrer sous les ors de la République. Et donc à faire gaffe.  

 

 

 

IMGP3916

 

 

Le déjeuner se passe. On parle de tout, de rien, le préfet s’enquiert de la santé de la presse écrite, de celle de la presse radiophonique, de la télévision (absente, comme d’ailleurs du paysage médiatique local, aussi on les casse un peu). Le vieux chouffe à barbe poivre et sel soliloque ses vieilles histoires de correspondant AFP, on évoque qu’à demi-mots la présidentielle future (on ne va pas parler de corde dans la maison d’un pendu !). Un peu plus disserte sur les vœux à la presse de Monsieur le Président de la République, ce qui me donne l’occasion de constater que certains(nes) autour de la table n’y étaient pas, et auraient visiblement aimés en être. On a les satisfactions que l’on peut.
 

 

À un moment, 14 heures approchants, le préfet change brusquement de conversation et parle du redoux qui est annoncé. C’est l’heure du bulletin météo, servi avec le café et les petits chocolats. Après les crêpes, je prends, comme ma convive en face de moi qui se retient de bâiller, une clémentine, que je m’évertue à éplucher avec couteau et fourchette, mais comme c’est chiant j’y mets les doigts (dans le fruit, je précise). Je n’écoute plus rien que sa solitude trop visible pour ne pas être entendue. Elle semble perdue et fatiguée, absente, muette, sur le point de basculer de sa chaise si un texto ne la retenait pas (je la vois pianoter sous la nappe). D’un coup je me rappelle que mon téléphone est dans ma poche, en mode vibreur, et que si jamais il se met à vibrer, peut-être que…
 

 

Je sors de ma torpeur admirative de l’ennui sous-préfectorale lorsque la convive à la droite du représentant de l’État se lance dans séance de flatterie préfectorale fulgurante, et « merci monsieur le préfet pour ces excellentes relations que nous avons eu, et gna gna gna, » repris en seconde main par le directeur d’une radio locale musicale et d’information. Du pur lèche botte mâtiné de lèche vitrine en passant par du lèche au bas du dos sous la chemise… J’en suis baba, sans rhum. Le serveur repasse avec du café. « Oui, s’il vous plaît, merci. »
 

Notre hôte, pas dupe, est content quand même. Tout le monde est content (sauf une). Et moi aussi car je sais que j’ai de la matière pour un petit billet.
En sortant, après nous être chaudement rhabillés, je salue celle dont l’ennuie confine à l’œuvre d’art, d’un bien meilleur goût que les tableaux de batailles épiques d’époque Second Empire qui ornent les murs de la préfecture. Elle décroche un sourire, enfin. Dehors le soleil brille aussi.

 

 

Au café d’à côté, où nous nous retrouvons avec quatre journalistes du cru pour un café débriefing, le vieux chouffe qui connaît tout le monde dans le département me glisse à l’oreille qu’il a demandé au sous-préfet si elle était sur le départ elle aussi. Elle lui aurait répondu (mais quel crédit puis-je accorder à ces propos, tant ils semblent incroyables ?) : « Et bien quoi ? Vous attendez peut-être que je sois tondue ? »
Ah, ça non alors. Ça serait vraiment dommage, Madame, qu’un si beau tempérament finisse de la sorte.
 

Le ciel vous tienne en joie (comme dirait l’autre).

 

 

 

 

préfecture

                                                             - L'année dernière -

 

 

 

 

 

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Monsieur le Président, je vous fais une lettre...

26 Janvier 2012 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #étonnement

 

 

 

 

IMGP3818

 

 

 

Cette fois c'est sûr : ce blog est espionné en haut lieu (cf article précédent).

 

Un seul mot d'ordre : rester soi-même.

 

Je pourrai dire qu'aux derniers voeux de Nicolas, "j'y étais" !

 

(merde, faut que je retrouve une cravate...)

 

 

PS : il va sans dire que je vous raconterai ça ici, bande de lascards... Comptez sur moi !)

 

 

 

 

 

 

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C'est pas possible...

24 Janvier 2012 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #étonnement

 

 

 

D'après vous, qui a bien pu dire :

 

 

«En cas d’échec, j’arrête la politique. Oui, c’est une certitude.»

 

«De toute façon, je suis au bout, dans tous les cas, pour la première fois de ma vie, je suis confronté à la fin de ma carrière.»

 

«Vous voulez que j’anime des sections UMP ? Je ne mérite pas ça. Je préfère encore le Carmel. Au Carmel au moins, il y a de l’espérance !»

 

En tout cas, je changerai de vie complètement, vous n’entendrez plus parler de moi!»

 

« Si l’on veut être aimé dans le futur, il faut couper.»

 

******************

 

 

Alors ? Non ? Vous ne voyez pas ?

Vous n'allez jamais le croire : le petit Nicolas ! Le prince de la République, lui-même !

(Dans "Le Monde" daté du 25/01/2012)

 

Dingue, non ? On ose à peine y croire... D'ailleurs on n'y croit pas du tout.

Dommage, parce que le "vous n'entendrez plus parler de moi," c'est drôlement tentant.

Quant à être aimé dans le futur, faut pas exagérer non plus...

Mais "couper", ça oui.

 

Allez, l'espoir fait vivre (y parait).

 

 

 

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Les mains d'or

2 Décembre 2011 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #étonnement

 

 

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                                          - Mano à mano -

 

 

Au risque de déplaire à certains – tant pis – je répète ce que j’ai déjà écrit ici : le métier de journaliste localier est un beau métier. Pour peu qu’on sache regarder dans les marges pendants les « trucs » officiels, les conférences de presse (agrume ? livre ?) se révèlent alors sous un autre jour.
Celle où je prends place, ce matin-là, à tout pour (dé)plaire. Le Conseil général invite à se réjouir du déblocage « d’une enveloppe exceptionnelle de 445.000 € d’aide aux agriculteurs éleveurs qui ont souffert de la sécheresse » (je cite). Grâce aux malpropres qui ne respectent pas le Grenelle à Borloo, le climat est déréglé, et les calamités que ce dernier envoie annuellement dans ses colères permettent aux élus locaux en quête de réélection de « débloquer des enveloppes. » A ce prix-là, 445.000 €, on devrait carrément parler de valises. Mais je sens que je dérape.
Donc on est invité. Et plutôt bien, avec ça. Café, jus d’orange, petits gâteaux, « servez-vous, » nous dit la charmante dame de la communication (pléonasme) en nous priant de nous asseoir. Bon, d’accord. Le café, au Conseil général, ce n’est pas un breuvage de bonnes sœurs, comme on dit ailleurs, alors j’en prends volontiers, et même deux fois comme ça j’économise sur celui de ma rédaction, plus douteux question saveur.
 

Ça commence. Autocongratulations d’usage, et formules idoines : « On a toujours répondu présent, et on répondra toujours présent, » lance le président. C’est donc simple comme un coup de fil. Bon, ça blablate, de toute façon, on a tout sur le communiqué, et vas-y le vieux journaliste dans le coin là bas qui connaît tout le monde et que même le président du CG il lui fait la bise (très mauvais mélange des genres… mais à 65 ans on ne retoque pas un confrère, c’est un coup à s’en prendre une dans la gueule, jeune merdeux), il y va de ses vannes. Sauf que ça agace le président, etc etc. Bref. Il faut s’évader d’urgence, par l’esprit j’entends.
Et c’est là que sur la table, au-delà des tasses à café désormais vides dont certaines dessinent des ronds brunâtres du la table, je vois deux paires de mains, quasiment identiques. Des grosses mains, des pognes même comme on dit chez moi, avec l’annulaire boursoufflé par la présence d’une vieille alliance. Des mains qui se croisent, et se décroisent, dans cet auto contact bien connu des gens légèrement stressés. Alors je regarde les propriétaires de ces mains, calleuses, des mains qui n’appartiennent sûrement pas à des Énarques. Et pour cause : ce sont celles d’agriculteurs. L’un est président de la FDSEA, l’autre est conseiller de canton, agriculteur de son état.
 

D’un coup, ces mains-là me réconcilient avec la politique. Je me dis, peut-être un peu benoîtement, que ces gros doigts fermes, ces pinces monseigneur ont servi et servent encore à autre chose que de tenir un stylo ou des biftons. Dans un coin de mon crâne, j’entends la chanson de Bernard Lavilliers, Les mains d’or. Dans le cas qui nous intéresse, il ne s’agit pas de rendre hommage aux ouvriers des laminoirs, mais des grattes mottes de terre et autres porteurs de foin. Les paysans, les vrais.
Oui, je sais, c’est idiot. Mais ces mains-là, ce jour-là à cet endroit-là, leur chaleur apparente et leur expérience au travail, faisaient oublier la grande et belle opération de com’ à laquelle, malgré nous, nous étions en train de communier.
Avec du café.

 

 

 

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