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Le jour. D'après fred sabourin

Aubrac-toi un peu, si tu lauzes

29 Mai 2022 , Rédigé par F.S Publié dans #voyage - voyage...

C'était une invitation à un mariage : l'union du gris, du vert et du bleu. Dans leur avarice légendaire (et exagérée, sans aucun doute), les Auvergnats avaient planqué les nuages qui auraient davantage sublimé reliefs et toits de lauzes, granits et gentianes, au détour des chemins (les "drailles") ou des granges (les"burons"). Partout, le vent a séché terre et ciel, secouant les grands arbres dans les vallons, les buissons de genêts sur le plateau, ébouriffant les vaches, paisibles, redécouvrant leurs estives depuis quelques jours, parfois seulement quelques heures.

L'Aubrac se découvre à pied, entre lauzes et murs de pierres sèches, où l'histoire d'un célèbre pèlerinage millénaire vient à la rencontre du marcheur ou le croise au détour de deux ruisseaux tantôt disparus, tantôt dévalant les gorges. En cheminant... 

Aubrac-toi un peu, si tu lauzes
Aubrac-toi un peu, si tu lauzes
Aubrac-toi un peu, si tu lauzes
Aubrac-toi un peu, si tu lauzes
Aubrac-toi un peu, si tu lauzes
Aubrac-toi un peu, si tu lauzes
Aubrac-toi un peu, si tu lauzes
Aubrac-toi un peu, si tu lauzes

Laissons à Frédéric Gros, auteur de Marcher, une philosophie (1), le soin de nous mettre en chemin :

"Les journées à marcher lentement sont très longues : elles font vivre plus longtemps, parce qu'on a laissé respirer, s'approfondir chaque heure, chaque minute, chaque seconde, au lieu de les remplir en forçant les jointures. Se presser, c'est faire plusieurs choses à la fois, et vite. Ceci, puis cela, et encore autre chose. Quand on se presse, le temps est plein à craquer, comme un tiroir saturé parce que, sans ordre, on a empilé des choses et d'autres.

La lenteur, c'est de coller parfaitement au temps, à ce point que les secondes s’égrènent, font du goutte-à-goutte comme une petite pluie sur la pierre. Cet étirement du temps approfondit l'espace. C'est un des secrets de la marche : une approche lente des paysages qui les rend progressivement familiers. C'est comme la fréquentation régulière qui augmente l'amitié. Ainsi un profil de montagne qu'on tient avec soi tout le jour, qu'on devine sous différentes lumières, et qui se précise, s'articule. Quand on marche, rien ne bouge, ce n'est qu'imperceptiblement que les collines s'approchent, que le paysage se transforme. On voit, en train ou en voiture, une montagne venir à nous. L’œil est rapide, vif, il croit avoir tout compris, tout saisi. En marchant, rien ne se déplace vraiment : c'est plutôt que la présence s'installe lentement dans le corps. En marchant, ce n'est pas tant qu'on se rapproche, c'est que les choses là-bas insistent toujours davantage dans notre corps.

Le paysage est un paquet de saveurs, de couleurs, d'odeurs, où le corps infuse".

(1) Champs essais, 2011.

Photos (c) Fred Sabourin, mai 2022.

Aubrac-toi un peu, si tu lauzes
Aubrac-toi un peu, si tu lauzes
Aubrac-toi un peu, si tu lauzes
Aubrac-toi un peu, si tu lauzes
Aubrac-toi un peu, si tu lauzes
Aubrac-toi un peu, si tu lauzes
Aubrac-toi un peu, si tu lauzes
Aubrac-toi un peu, si tu lauzes
Aubrac-toi un peu, si tu lauzes
Aubrac-toi un peu, si tu lauzes
Aubrac-toi un peu, si tu lauzes
Aubrac-toi un peu, si tu lauzes
Aubrac-toi un peu, si tu lauzes
Aubrac-toi un peu, si tu lauzes
Aubrac-toi un peu, si tu lauzes
Aubrac-toi un peu, si tu lauzes
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