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Le jour. D'après fred sabourin

montagne

Vicdessos, Goulier, Mounicou, Bassiès, Soulcem

11 Avril 2012 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #montagne

 

 

SAB 2870 R

 

 

Pâques à Vicdessos c’était le programme de cette année, rien à voir avec la fête du même nom, simplement c’est pratique de disposer de trois jours pour aller frotter ses semelles de vent aux Pyrénées ariégeoises, les plus proches de chez moi (si l’on peut dire…).
À Tarascon-sur-Ariège, il faut s’engouffrer au sud-ouest direction Niaux et ses célèbres grottes, dans une vallée encaissée qui se dirige vers Vicdessos. Premier arrêt près d’antiques pompes à essence des cars « Pujol », entreprise de transport qui existent visiblement toujours mais qui ont considérablement raccourcis la taille de leurs bus. L’un d’entre eux pourri au fond d’un terrain vague, en face des pompes qui indiquent le prix en « francs ». Sait-on jamais…
 

 

 

SAB 2879 R

 

 

 

Après Vicdessos et les Etangs de Bassiès, plus le refuge du même nom (alt. 1700m) par un samedi finalement plus clément qu’annoncé, il faut se mettre en quête d’un logement si possible abordable, le plan toile de tente au camping semblant compromis pour cause de pluie et relative fraîcheur. Dommage, l’année dernière à pareil époque, c’est à Albiès au camping municipal que j’avais planté ma guitoune dans la nuit du 1er au 2 avril (sans poisson). 4° au petit matin, pas de quoi effrayer un ours…
 

 

 

 

SAB 2867 R

                                              - Un homme et son chien -

 

 

Sur la devanture de l’Office de tourisme de Tarascon, une affiche avec des numéros de téléphone et adresses des hôtels, campings, chambres d’hôtes, gîtes de randonneurs du coin. J’opte pour cette dernière catégorie, généralement la moins coûteuse, et prend au hasard un nom et numéro. Ce hasard fait bien les choses puisque moins d’une heure après, pour douze euros la nuit c’est à Mounicou que je mets sac à terre, dans un gîte d’étape rustique à souhait, comme je les affectionne. Le confort est sommaire (dix sept bannettes de couchage superposées) et cuisine tout de même bien équipée, le chauffage étant assuré par une large cheminée dans laquelle ne tarde pas à flamber deux bûches de châtaigner.
 

 

 

SAB 2982 R

                                               - Mounicou, le bout de la route -

 

 

Quelques courts instants de repos avant le petit déjeuner, et me voilà parti à la découverte de l’Etang d’Izourt, à partir de Goulier, charmant petit village niché au dessus (comme on dit) de Vicdessos. Goulier, ses ruelles étroites et impeccables, son église et son cimetière, sa cabine téléphonique en vrais parpaings, et ses petites affiches plastifiées un peu partout, des arrêtés municipaux principalement, rappelant aux villageois le bon sens civique et quelques règles de savoir vivre (ramasser les crottes des cabots, ne pas voler les sacs poubelles pour les utiliser ailleurs, ne pas garer de voitures n’importe où dans les ruelles etc.). Sur chaque porte, un petit avis scotché : l’eau est impropre à la consommation, des distributions d’eau potable seront indiquées prochainement. Sur les panneaux municipaux, une date : les habitants de Goulier ne peuvent plus boire l’eau du robinet depuis le 3 mars. Ça doit commencer à faire long… On encourage la consommation de vin de pays peut-être.
 

 

 

SAB 2943 R

                                                   - Ceci n'est pas une affiche de campagne pour F. Bayrou -

 

 

 

SAB 2951 R

                                                - Allo ? Goulier ? -

 

 

 

SAB 2960 R

 

 

 

Quelques troupeaux d’isards plus tard, retour au bercail pour flamber quelques bûches, et nous voilà repartis le lendemain matin pour l’Etang du Soulcem, dont un panneau apprend aux marcheurs de passages qu’il date de 1983-84, après avoir noyé six orris pastoraux et une plaine idoine. EDF a construit un magnifique trop-plein en forme d’entonnoir géant, qui doit servir aussi à lancer des cailloux l’été me dis-je, quand des hordes de touristes montent en bagnoles jusqu’à l’endroit en question (puisqu’une route carrossable le permet). Je chouffe la carte et me promet de revenir : une belle boucle doit être agréablement faisable entre les trois étangs du Soulcem, Fourcat et Izourt, en partant du petit hameau de Marc ou de Mounicou.
 

 

SAB 2907 R

 

 

 

 

SAB 2910 R

                                                  - Hey ! -

 


Je remercie ma logeuse dont le gîte n’était « normalement pas encore ouvert, mais puisque vous êtes seul, » m’avait-elle indiqué en arrivant. Comme quoi, on dira ce qu’on voudra sur les habitants des montagnes profondes - Mounicou, c’est quasiment le bout de la route possible, après, il n’y a plus ni hameau ni âme qui crèche - la solidarité ariégeoise n’est pas un mythe.
À bientôt, charmante vallée…

 

 

SAB 2981 R

 

 

 

 

SAB 2936 R

 

 

 

 

SAB 2972 R

                                              - Plouf -

 

 

 

SAB 2868 R

 

 

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Là haut

25 Mars 2012 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #montagne

 

 

SAB 2091 R

 

 

 

 

Pendant ce temps-là, à 200 km plus au sud de Toulouse & Montauban (des petits villages dont on parle, je ne sais pas si vous connaissez ?), point d'encombrements ni de tirs à feu nourri, ni de balles perdues ni d'horreurs sanglantes.

Juste de la glace, un peu de roche et beaucoup, beaucoup de silence...

 

 

La suite, c'est assez vite ici j'espère.

 

 

(Puygmal d'Err, 2910m, 23 mars 2012, 12h25 GMT. Pyrénées-Orientales).

 

 

 

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Chambre avec vue

31 Août 2011 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #montagne

 

 

SAB 9560 R

                                                     - Là bas -

 

 

Ce lieu est unique au monde. Perdu, retiré, isolé. Assis sur un fauteuil de roche fabriqué naturellement par l’érosion, vestige et vertige du temps, la vue porte loin, très loin, vers l’ouest. L’un d’entre nous dit même que c’est le plus bel endroit du monde qu’il connaisse, et je le crois car c’est une parole de voyageur terrien. C’est vrai que d’ici, on se sent petit, absorbé tout entier dans une nature qui semble accueillante, tant que le soleil est là pour nous réchauffer. Mais l’extrême dénuement du sol, la minéralité absolue de ces roches qui nous entourent – et dont certaines sont en passe de nous écraser – nous fait également penser que cet endroit, c’est l’enfer. Aussi loin que porte le regard, il n’y a aucune trace humaine, ni route, ni pylônes, ni câbles, ni villages. Tout juste entend-on quelques avions qui nous passent au dessus du crâne en striant le ciel de leur panache blanc : c’est un point géodésique, il sert de repère aux pilotes. Ce lieu est unique car il est à la fois l’enfer et le paradis. Le sentiment qui s’en dégage est un bien être en même temps qu’une extrême vulnérabilité lié à sa nudité : il faut pratiquement sept heures de marche pour l’atteindre, pour un marcheur en bonne forme, et n’ayant pas peur du dépouillement des lieux, ni de l’éloignement du dernier point d’eau : 200 mètres de dénivelé plus bas. A cet endroit, ce n’est pas le ciel qui vous tombe sur la tête, mais plus sûrement la montagne de roche et de verre. Nous sommes à l’abri Michaud, sur les contreforts du Balaïtous, à 2691 mètres d’altitude. Et c’est là que nous allons une nouvelle fois dormir.

 

SAB 9593 R

                                                   - Fin -

 

Cet « abri », plutôt une caverne, « fait reculer en une nuit ce que l’homme a gagné en confort en trois mille ans, » m’a un jour dit un ami que j’avais traîné là. C’est vrai, il y a de quoi. La grotte est humide, froide, basse, le sol irrégulier. On ne parle plus de confort, mais d’abri. Ou mieux : de caverne. C’est tout dire. Pourtant, il y a ici comme une sorte de réconfort : le Balaïtous accueille le voyageur de passage dans cette cavité, à quatre cents mètres à peine de son sommet. Dernier parking avant la plage… ou presque.
Passer la nuit ici permet d’être considéré comme un dingue aux yeux de ceux restés dans la plaine, et de vivre une expérience unique pour ceux qui se hisseraient en son sein. C’est une aventure en soi. Symbolique au vu d’autres exploits montagnards de par le monde bien entendu. Mais il y a ici une sorte de rite initiatique qu’on retrouve nulle part ailleurs dans les Pyrénées, excepté au sommet du Vignemale (grotte « le Paradis ») ou près de la bèche de Roland, à Gavarnie. « J’ai dormi à Michaud, » peut-on dire ensuite. La plupart des marcheurs croisés sur le chemin du retour pensent que vous avez dormi au refuge d’Arrémoulit, quelques encablures plus loin. « Non, on a dormi à l’abri Michaud. » Étonnement dans le regard du montagnard qui vous prend pour un fou. C’est à peine s’il vous croit.

 

 

SAB 9599 R

 

 


C’est le matin qu’on perçoit le mieux l’intérêt de dormir au plus près de la grande diagonale du Balaïtous. Sauf à dormir au sommet lui-même (comme les deux que nous découvrirons stupéfaits en arrivant sur la crête sommitale, imaginant que nous étions les premiers !), la nuit dans cette grotte sommaire permet de décaniller dès potron-minet. Une nuit à cette altitude est toujours faite d’endormissements, de réveils brefs, de questions sur l’heure qu’il peut être et sur le temps qu’il reste dans le duvet, bien au chaud, avant d’affronter les températures matinales. Une nuit dans cet abri ajoute aussi au dormeur le sentiment étrange de revivre celle de l’homme des cavernes. On fait des rêves de pierres granitiques et de glaciers craquants. On se réveille les épaules ankylosés par la dureté du sol. Signe des temps, des randonneurs espagnols désinvoltes on écrit à la bombe de peinture rouge : « Puta ETA ». L’Abri Michaud se situe juste derrière la frontière, et même ici l’activisme politique se mêle aux paysages sublimes. Fort heureusement sans en altérer la beauté. Mais il est d’autres peintures rupestres que nous préfèrerions voir…

 

 SAB 9605 R

                                          - Réveil -

 

Peu avant 5h30, le bip bip de la montre nous sort de la torpeur nocturne. Aucun bruit, si ce n’est celui du vent sur la roche qu’on devine froid. D’ailleurs tout est froid, même dans la caverne : le sac à dos, les fringues qu’on avait rangé dedans, la gamelle où la précieuse eau coule pour le café, les godasses qu’on avait pourtant retourné l’une dans l’autre pour éviter l’humidité. Même le bonnet est froid. Il faut faire vite, nous n’aurons que peu de temps pour profiter de cette heure sublime où le jour chasse la nuit. Un quart d’heure, au maximum, pour nous habiller de cette lumière blanche qui donne aux sommets, à pics, failles, cheminées, crêtes, dévers, dômes, cette surprenante teinte lunaire. Les quelques minutes qui précèdent le premier rayon du soleil n’apportent pas encore cette teinte chaude et de feu qui dévore tout ensuite. Ces quelques minutes, dont on aimerait qu’elles durent l’éternité, ne sont qu’un furtif passage entre loups et chiens, l’aurore, tout simplement. Ceux qui se couchent tard et dorment encore ne peuvent connaître ce moment, cette grâce soudaine où tout ce qui fait la difficulté du levé nocturne, le froid qui l’accompagne, n’existent plus à cet instant précis.

 

 

SAB 9610 R                                                   - Hic et nunc -

 

 

 

 A peine a-t-on le temps d’admirer cette lueur naissante enveloppant tout autour de nous, que déjà les rayons lèchent les cimes. Le vent continue de souffler, mais ça n’a que peu d’importance : on ne le sent même plus. Seul compte à ce moment-là le fait d’être là, et de voir, de sentir, de goûter une plénitude que nul autre plaisir au monde ne peut apporter. Une ivresse qu’aucun alcool ne peut provoquer. Nous sommes entre ciel et terre, et il faut s’arracher à soi-même pour continuer à avancer, repartir, en finir, et redescendre. Sans doute cet amputation du corps en un lieu provoque alors la même douleur-jouissance que le passage d’une vie à la mort. Longtemps, très longtemps après, le souvenir de cette instant viendra hanter nos rêves, peuplés de sentinelles de roches au parfum minéral. Et, comme l’opium, le désir de revenir, là, encore, se coucher près d’Elle.

SAB 9614 R

                                                              - Trop tard -

 

 

SAB 9616 R

 

 

 

 

 

SAB 9654 R

 

 

 

 

Abri Michaud

 

 

 

 

SAB 9665 R

                                                    - A l'origine -

 

 

 (c) photos F.Sabourin, 27-28 août 2011. Balaïtous, Espagne-France (dept 64-65).

 

 

 

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On a marché sur la lune...

29 Août 2011 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #montagne

 

 

 

SAB 9550 R

                                                - Faire le mur -

 

 

 

SAB 9640 R

                                              - Walking on the moon -

 

 

 

SAB 9642 R

                                                   - Ailleurs -

 

 

 Suite dans quelques jours, découvrez : "Chambre avec vue."

 

 

 

 

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Mystique rumba

18 Juillet 2011 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #montagne

 

 

 

 

SAB 9107 R

                                                         - Harmonie -  

 

 

 

 

La montagne est vivante. Elle bruisse sans cesse de faunes et de flores, que le vent fait chanter, siffler, grogner, grincer, abattre violement c’est selon. Bêlements, croassements, chuintements, beuglements, cris en tous genres. La montagne est vivante parce qu’elle est peuplée avant de s’y rendre, pendant qu’on y demeure, et après l’avoir quittée. Nous ne sommes que des visiteurs d’un jour, ou plusieurs, et elle a suffisamment de caractère pour nous faire sentir que nous n’y sommes que provisoirement toléré.
La montagne est vivante, aussi, parce qu’elle y abrite des villages. Dans celui où je me trouve, un dimanche matin que la pluie fait dégouliner sur mon béret, il y a des hommes, et des femmes. Des chiens aussi. Des voitures garées comme des petits bateaux dans un port. La plupart disent beaucoup de la sociologie du pays : Le Citroën C15 est roi, aux plates-formes arrière témoignant d’une activité artisanale, agricole et pastorale. Des 4x4 aussi dont l’utilisation est réellement tout terrain, et des modèles hors d’âge. Chacun vient et va selon l’ordre établi, c’est-à-dire la plupart du temps sans ordre, mais semblant obéir à un ordonnancement locale où tout le monde s’y retrouve. Tout gravite autour de la fontaine située au centre de la place. Au milieu de tout ça surnagent des touristes – dont je suis, ne rêvons pas – qui déambulent au gré des achats dans les commerces locaux : essentiellement du pain et du fromage de brebis.

 

 

SAB 9106 R

                                                           - Suspend ton vol -

 

 

 

Dans le bistrot où je m’installe, qui se nomme L’Union - tout un programme - la taulière sort des pots de fleurs sur les tables humides qui ont visiblement passé la nuit dehors. La télé s’allume au moment même où je franchis le seuil, mais c’est un pur hasard. On y voit des coureurs du Tour de France, et un maillot jaune. Puis des militaires qui semblent morts, et d’autres bien vivants qui marchent au pas sur une grande avenue. Puis une femme aux lunettes rouges au petit accent norvégien, qui ne semble pas goûter ces promenades annuelles et un premier ministre content de lui d’avoir dit une connerie. Son président à lui n’est pas Norvégien d’origine, il est Hongrois. Hongrois qu’il est président mais il ne l’est pas. Bref…

 

 

 

 

SAB 9090 R

                                                     - Tu marcheras sur l'eau -

 

 

 

Le café chaud tombe dans la tasse, et aussitôt le bruit d’un moulin à café empli la pièce. Du coup la télé joue au jeu du film muet et ce n’est pas plus mal. Le bar, dont la façade est minuscule, coincée entre deux maisons aux murs crépis mais dont on devine le granit, possède une arrière salle où pourrait manger tout un banquet de mariage. La décoration est gentiment désuète, style fin Charles de Gaulle début Pompidou. Les tables sont dressées, et dessus les chaises sont rangées. Ne reste plus qu’à les descendre pour poser son séant dessus. On imagine déjà les gros oncles à moustaches en chemises blanches tendues par un ventre à cassoulet, portant bretelles et riant fort. Les guogues sont d’une propreté sans reproche, ils semblent sortis du magasin et déballés de la veille. Un gars du coin à l’accent béarnais sort, les mains dans les poches. Il scrute le ciel, se retourne et dit : « Il fait beau en Espagne. » Et tout le monde se marre dans le bistrot, c’est-à-dire cinq personnes.

 

Le son suivant est celui d’une scie. Mais pas d’une scie sciant du bois, ou du métal. Un autre son. La scie "scie" autre chose, mais je ne sais pas encore quoi. Une odeur de chair fraîche m’emplit le nez. Un homme au sourire barbu coupe une belle tranche de pâté de campagne à l’ail et au persil. Ça fait une bouche. Et un boudin noir, car dans le cochon, tout est bon. Je lui fais remarquer qu’il a interverti les étiquettes des tomates farcies et des saucisses confites. « Déjà que les gens nous trouvent bizarres, » dit-il… Derrière la caisse sont alignées comme dans un jeu de massacre des boîtes de pâtés, confits, conserves en tous genres portant des étiquettes à petits carreaux roses, rouges, jaunes, orange, verts, bleus et noir. Mais ce qui attire mes sens - tous mes sens - c’est l’arrière boutique. J’aperçois en effet l’établi du boucher, les crochets, vides pour l’instant, des rouleaux de papiers qui servent à empaqueter la bidoche, des rouleaux de ficelle pour larder les rôtis, les torchons en boule. Et là, au milieu de ce fatras, dans le sang écarlate et la blancheur du carrelage, le bruit de la scie, actionnée par le commis qui découpe un morceau dans un grand cuisseau de bœuf. Il y met tout son cœur, et l’huile de coude de son bras droit, arc bouté sur le cadavre. Je m’attends à entendre ensuite le bruit du hachoir, mais non, il repose la scie sur un croc de boucher, et jette sur son épaule l’autre moitié de la cuisse. Il règne ici une ambiance de travail semi-monastique que je dérange à peine. Chacun sait ce qu’il a à faire, dans une économie de mots qui tranche avec les couteaux qui dépassent de partout. Derrière la vitrine, commencent à s’entasser entrecôtes et steak, filets et rôtis, pommes dauphines, pâtés et fromages de tête. Ça sent la viande froide, l’ail et le laurier. Dehors il pleut toujours, mais beaucoup moins. Ça n’a que peu d’importance. Laruns (c’est le nom du village) qui semble mort est bien vivant.

 

 

 

SAB 7880 R

                                                          - Un jour où il ne pleuvait pas à Laruns -

 

 

Je repense alors à ces verts pâturages, au tintement des clochettes des brebis, au son lancinant et perpétuel du torrent qui dévale sa course. Je sens encore en moi cette odeur de roche chaude brûlée au soleil, et à la sueur qui me dégouline le long du cou.  Frissonnant au vent des cimes, qui entoure le cairn sommital de sa fraîcheur parfois inhospitalière, je vois la crête coupée nette et le vide à sa verticale. Il me faudrait des ailes, et c’est bien le seul manque à déplorer. Je me sens rempli de tout cela, solitude bienfaisante et pourtant si peuplée des bruits de la vallée. Elle irrigue mon sang d’une quiétude et hébétude salutaire. Une force et fécondité indispensables.  

 

 

 

SAB 9165 R

 

 

 

 

SAB 9051 R

                                               - Le Palas et les lacs d'Artouste et d'Arrémoulit -

 

 

 

 SAB 9000 R

                                               - Sur la tête de Jean-Pierre (2884m) -

 

 

 

SAB 9077 R 

 

 

  SAB 8986 R

                                                     - Qui êtes aux cieux -

 

 

 

SAB 9093 R                                                           - Emergence du vertical -

 

 

 

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Ossau buco (lique)

1 Juin 2011 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #montagne

 

 

 

 

 

SAB 7830 R

                                                       - L'air de rien, le Lurien -

 

 

 

 

SAB 7829 R

                                                            - A toi l'honneur -  

 

 

 

 

SAB 7854 R

                                                         - Homo erectus -

 

 

 

 

 

 SAB 7886 R

                                                         - Sans titre -

 

 

 

SAB 7890 R

                                                   - Artouste, Palas, Balaïtous -  

 

 

 

 

SAB 7851 R

                                                 - Ménage à trois -

 

 

 

 

 

SAB 7914 R

                                                                   - Pub -

 

 

 

 

 

 

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Et j'en avais envie aussi

5 Avril 2011 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #montagne

 

 

 

 SAB 7349 R

 

 

 

Moi, mon souvenir le plus sincère

Se trouve au fond d'une mélodie

Que jouait un type un peu solitaire

Et qui s'en est allé depuis 

 

 

 

 SAB 7364 R

 

 

Je vois l'image encore entière

De quand nous étions réunis,

Tu voulais voir d'autres lumières,

Et j'en avais envie aussi

 

 

 

 

 SAB 7356 R

 

 

Et tous les gens regardaient vers la mer,

On s'en ira, ce n'est qu'un geste à faire

Pour toute la vie

Ou pour un peu d'imaginaire

Juste le temps d'un peu d'oubli

 

 

 

 SAB 7375 R

 

 

C'était dans l'ombre, c'était dans l'air

Par les chemins qu'on a suivis

De la nuit sombre jusqu'au matin clair

Et j'en avais envie aussi

 

 

 SAB 7370 R

 

 

Et tous les gens regardaient vers la mer,

On s'en ira, ce n'est qu'un geste à faire

Pour toute la vie

Ou pour un peu d'imaginaire

Juste le temps d'un peu d'oubli

 

 

 

SAB 7383 R 

 

 

Et puis, la vie qui fait ses affaires

Ami du jour, au ciel de lit,

Il te fallait ton univers

Et j'en avais besoin aussi

 

 

 SAB 7395 R

 

 

 

Maintenant et toujours, comme hier,

Quand on se croise, on se sourit

C'est sans regrets, c'est sans mystères

J'en avais envie aussi

 

(William Sheller)

 

 

SAB 7409 R 

   

 

 

SAB 7419 R

 

 

 

 SAB 7403 R

 

 

 

 Photos : FS.

Ariège. Col de Puymorens ; Puig de la Coma d'Or (2826m) ; Etang Lanoux ; Ref des Bésines ; l'Hospitalet-près-l'Andorre ; Ussat-les-Bains.

 

 

 

 

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Hic ceciderunt

14 Février 2011 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #montagne

 

SAB 6979 R

 

 

« Tout avait la couleur uniforme du givre, à la fin février, pour vos derniers moments.
Et c’est alors que l’un de vous dit calmement : bonheur à tous, bonheur à ceux qui vont survivre.
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand.
Adieu la peine et le plaisir, adieu les roses. Adieu la vie, adieu la lumière et le vent. Marie-toi sois heureuse, et pense à moi souvent, toi qui va demeurer dans la beauté des choses, quand tout sera fini plus tard, en Erivan.
Un grand soleil d’hiver éclaire la colline, que la nature est belle, et que le cœur me fend. La justice viendra sur nos pas triomphants. Ma Mélinée, ô mon amour, mon orpheline. Et je te dis de vivre, et d’avoir un enfant. »


Cet extrait de Louis Aragon (Strophes pour se souvenir, in Le Roman inachevé) résonne et siffle au vent de cette « Piquante Pierre » - c’est son nom – perdue quelque part dans le massif des Vosges.
Ici aussi, ils sont tombés.
Qui ?
Ceux qui, bravant les éléments - tous contraires - ont franchi au péril de leur vie les Pyrénées, pour s’enfoncer en Espagne, y être prisonnier et servir de monnaie d’échange pour Franco exsangue, puis traverser Gibraltar, et enfin rejoigndre les armées de Leclerc, de Lattre ou les bataillons de Choc. De cette Afrique du Nord ils ont débarqué en Italie ou en Provence, et sont remonté, suivant le Rhône et cette quête de la liberté et d’une délivrance qu’ils croyaient certaines car ils la tenaient pour essentielles à leurs yeux plein de fureur et de vent.
Mais beaucoup ne sont pas arrivés jusqu’à Paris ou Strasbourg.
Ceux-là ont été encerclés sur cette colline de la « Piquante Pierre », à quelques mille mètres au dessus du niveau de la mer, qu’ils ne revirent jamais. Les soldats allemands ont envoyé assauts sur assauts, obligeants les soldats de cette France presque libre à se battre jusqu’à la dernière cartouche, et leur dernier souffle. Certains survécurent en grimpant dans les sapins, s’y cachant pendant deux ou trois jours, chiant dans leurs bottes pour ne pas se faire repérer par les rondes à quelques mètres en dessous.
L’un de ces quelques survivants est mort la semaine dernière, et personne n’en a parlé.
Pourtant on lui doit une bonne part de notre liberté à ce gars là. A cause de ses bottes souillées.
Il a vu ses camarades tomber, là. Par un jour sans doute semblable à celui-ci.

 

SAB 6986 R

                                       - 12 heures dans la vie d'un paysage (3e partie) -

 

 

SAB 6993 R

                                          - 12 heures dans la vie d'un paysage (4e partie) -

 

 

SAB 6971 R

                                                          - Pacha mama -

 

 

 

SAB 6973 R

                                                   - Pacha mama II -

 

 

 

SAB 6988 R

                                                    - Ici et maintenant -

 

 

 

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Passeur de liberté...

26 Octobre 2010 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #montagne

 

 

reduit SAB 5830

 en route vers l'Etang Garbet (non loin de Vicdessos, Auzat et Massat, en Ariège)

 

 

 

Piston, passeur de liberté

       Le passage de Jean Bénazet dit « Piston » est singulier, même s’il chemine aujourd’hui vers un site connu et prisé des randonneurs : l’Etang Garbet et le Lac bleu qui le domine de quelques centaines de mètres. Ensuite, il s’enfonce dans un cirque qui paraît – à juste titre – infranchissable. Jean Bénazet connaissait ce passage, qui conduit ensuite jusqu’au Port de Montescourbas, mais il est très ardu et accidenté, si bien qu’il ne peut aujourd’hui être décrit dans ce livre pour des raisons évidentes de sécurité des marcheurs. Ce n’est pas une litote : le chemin de Piston est un chemin escarpé, alternant d’un bord à l’autre du massif dominant l’Etang du Garbet, passant sous le Pic des Trois Comtes, le Pic de Bentefarine, la Pointe des Trois Comtes jusqu’au Port de Montescourbas. Jean Bénazet alternait sur les flancs de ces montagnes qu’il connaissait bien tout simplement pour ne pas se faire repérer par la Gestapo et les soldats allemands stationnés dans les vallées proches, et surtout les patrouilles qui grimpaient régulièrement sur la frontière par la vallée du Vicdessos, au dessus d’Auzat et du village de Marc.
En 1928, Jean Bénazet dit « Piston » s’installe à Varilhes comme mécanicien. Il est élu conseiller municipal sous le Front Populaire, pendant la mandature de Louis Siret (qui sera ensuite déporté). Piston est lié dès 1939 avec le célèbre guérilléro Francisco Ponzan Vidal, membre de la Confédération nationale du travail espagnol, laquelle organise un réseau de passeurs d’hommes pour faire franchir la frontière aux militants en danger. Varilhes deviendra, par leur entremise, le quartier général de F. Ponzan.


En mars 1940, l’officier britannique Marshall du service action, entre en contact avec Jean Bénazet et Francisco Ponzan, leur demandant de coopérer avec l’Intelligence service pour faire passer des hommes et des documents en Espagne. Ils acceptent. Piston commence alors ses passages via l’Andorre, par le village traversant de l’Hospitalet-près-l’Andorre, la remontée du ruisseau Saint-Joseph et le Port Dret (2587m), atteignable en quatre heures environ depuis la route menant vers le Pas de la Case. Il y effectue son dernier passage en septembre 1942.
Le 11 novembre 1942, la zone libre est occupée. La Haute vallée de l’Ariège est classée zone interdite, et une ligne de démarcation est installée entre Foix et Tarascon. Pour Piston, il faut trouver un autre passage, et il va diriger ses candidats à l’exil vers l’Etang du Garbet et le Port de Montescourbas. C’est beaucoup plus long et surtout plus difficile que le Port Dret, mais plus à l’abri des regards ennemis. En 1943, il effectue les passages les plus durs. Il partait généralement de la gare de Foix, prenant ensuite la départementale 17, via Saint-Pierre de Rivière, La Mouline, Burret, le Col des Marrous (990m), puis le Col de Péguère (1375m), pour descendre ensuite sur Massat. Il prenait ensuite la direction de l’Etang de Lers, et stoppait sa voiture près du village du Port, où un sentier muletier le conduisait jusqu’à l’Etang de Lers. Tout le long du chemin en voiture, trois relais de sécurité devaient indiquer que la route était « libre », en accrochant divers vêtements sur les cordes à linge par exemple. Si les vêtements n’étaient pas mis à sécher, la voie n’était pas libre. A l’Etang de Lers, Piston s’arrêtait au quatrième relais de sécurité, à la cabane du pâtre Jacques Caux, au bas du Col de Saleix. Il repartait au levé du jour avec ses candidats au passage, en direction de l’Etang Garbet, par un chemin en balcon passant légèrement au dessus de la forêt du Garbettou. Puis c’était la montée vers l’Etang Bleu, par le cirque du Garbet. Ensuite le chemin devient plus escarpé et difficile, jusqu’au Port de Montecourbas, où les gens étaient libres et descendaient dans la vallée vers Tavascan. Sur un carnet, Piston notait le nombre de « truites » qu’il avait prises au cours de ses parties de pêche si particulière. Soixante et une au total, au cours de huit passages réussis. Parmi les nationalités, des Américains, Russes, Anglais et Français bien sûr. Au total, en additionnant les passages par le Port Dret frontalier avec l’Andorre, ce sont quatre vingt-cinq missions qu’il aura effectué entre 1939 et 1943.


Le 13 juin 1943, sa vie de passeur va basculer. Alors qu’il conduit une importante colonne de dix-huit personnes, en franchissant une zone à découvert, il pressent un danger. Il a raison : des voix allemandes s’élèvent dans la montagne. Un jeune qui comprenait la langue traduit :  « il faut lever les bras ! » Ils sont pris, et très vite encadré par deux soldats frontaliers de l’armée allemande. Mais en descendant, alors qu’ils traversent une cheminée pentue, Piston se rend compte que le garde qui est devant lui ne peut pas le voir, et que celui qui est derrière ne le voit plus. C’est le moment où jamais : il saute dans un ravin, et dévale, très vite suivi par André Joucla. Le soldat qui était derrière lui les voit s’enfuir, et ouvre le feu. Ils en réchappent de peu, une balle traversant le pantalon de Piston, sans le toucher. Mais pour Piston, les passages c’est terminé. Il continue cela dit à s’occuper du ravitaillement du maquis du Col du Port, près de Massat. Le 9 juin 1943, il est absent de chez lui le jour où les soldats allemands, suite à une dénonciation, encerclent le village. Il doit entrer dans la clandestinité, car il a été identifié par la Gestapo qui le recherche activement. Il reste en planque à Massat quinze jours environ. Puis retourne à Varilhes, mais a la grande prudence de ne pas dormir chez lui. Le 1er octobre 1943, la Gestapo de Foix vint pour l’y cueillir justement, mais ne le trouve pas. En planque dans une boulangerie, il se cache ensuite dans une cave, jusqu’à ce que son frère organise sa fuite à Toulouse via le réseau des cheminots résistants. Il se fait oublier quelques temps, mais l’inaction lui pèse. Grâce à des faux papiers, il devient Joseph Lebrun, et participe à la résistance avec les cheminots toulousains, jusqu’à la libération de Toulouse le 20 août 1944. Trois jours avant, Francisco Ponzan avait été assassiné. Le 26 août, il rentre à Varilhes, découvrant sa maison que la Gestapo a entièrement vidée de tout, « y compris une suspension électrique, c’est dire s’ils ne m’avaient rien laissé, je n’avais plus rien, » confiera-t-il plus tard. Il reprend son métier de mécanicien, et s’engage au Parti communiste français qu’il a connu par ses amis cheminots de Toulouse.


Jean Bénazet meurt à Varilhes le 23 mai 1991 à l’âge de 87 ans.

 

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Passage par l’Etang Garbet

A partir de 1943, les passages ne sont plus possibles par le Port Dret : la haute vallée de l’Ariège est classée zone interdite, et le chemin est beaucoup trop visible de la route qui mène en Andorre passé l’Hospitalet-près-l’Andorre. Jean Bénazet décide de passer la frontière par un chemin beaucoup plus long et moins accessible : le Port de Montecourbas.
Aujourd’hui, cette randonnée empruntant le chemin de Piston est possible jusqu’à l’Etang Bleu, à environ 2000m d’altitude. La suite du passage est très escarpé et n’est ni balisée, ni clairement repérable, sauf à l’avoir fait avec Piston lui-même quand sa condition physique lui permettait encore.
Le départ s’effectue légèrement en contrebas du Col d’Agnes, au croisement du bois de Plagnolles et du plat de Coumebière. Le GR 10 croise le départ en direction du Port de Saleix. Monter sud, sud-est et passer l’Etang de Labant (1597m). S’élever au sud-ouest à travers un petit bois (marques jaunes), et au sortir de ce bois, laisser les marques jaunes sur la gauche pour continuer plein sud en direction du cirque de l’Etang Garbet (visible de cet endroit, point de vue magnifique). Le sentier n’est pas à proprement parlé très bien tracé, suivre autant que possible, à flanc de montagne les marques rouges. Le sentier suit, en balcon, jusqu’à l’Etang Garbet (1683m). Il est possible de monter jusqu’à l’Etang Bleu (1989m), en contournant le Garbet par la droite puis en s’élevant franchement au sud jusqu’à lui. Compter une heure entre le Garbet et l’Etang Bleu.
Le retour peut s’effectuer soit par le même chemin, soit par le chemin normal de l’Etang Garbet, qui rejoint, à travers la plaine puis la forêt du Garbettou, la route D8f qu’il faudra remonter sur 4 km pour retrouver son point de départ.


Carte IGN n° 2148 Ouest.

 

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                      - Lac Bleu ; Pic des Trois Comtes - 

 

 

 

 

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  Un aperçu du futur livre "les hauts lieux de l'histoir dans les Pyrénées" (titre provisoire) à paraître chez Ouest-France Edilarge au printemps 2011.

 

 

 

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Eloge de la petitesse

27 Août 2010 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #montagne

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                                                                - Seul -

 

 

Tu es petit, homme, qui confronte ta maigre carcasse aux pentes hospitalières et infernales. Tu es petit comme ce mérens aux flancs duquel la montagne s'accroche, ou l'inverse ?

Tu es petit, homme, pour oser défier Pyrène et chercher le sommeil dans ces cabanons de fortune.

Tu es petit, homme, et la pacha mama t'offre cette eau qui te lave et te nourrit.

Fortune de mer, fortune d'altitude : certains n'ont pas eu la chance de voir le jour suivant se lever, et ont raté le petit déjeuner. Les charognards, en revanche...

 

 

reduit SAB 9779 

                                                  - cabane le Hounta (Port d'Orle) -  

 

 

reduit SAB 9770 

                                                 - à cheval sur les principes -

 

 

reduit SAB 9780

 

                                                    - j'ai bu l'eau vive -

 

 

reduit SAB 9785 

                                                           - suivez le guide -

 

 

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