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Le jour. D'après fred sabourin

montagne

This is the end...

31 Décembre 2015 , Rédigé par F.S Publié dans #montagne

2015 s'achève... Sans regret. Heureusement, demeureront tout de même quelques belles images, comme celle-ci. 

2016, année de ? 

(à suivre...) 

- Bouillouses -

- Bouillouses -

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"L'usage du monde"

8 Août 2015 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #montagne

"Finalement, ce qui constitue l'ossature de l'existence, ce n'est ni la famille ni la carrière, ni ce que d'autres diront ou penseront de vous, mais quelques instants de cette nature, soulevés par une lévitation plus sereine encore que celle de l'amour, et que la vie nous distribue avec une parcimonie à la mesure de notre faible coeur." 

 

Nicolas Bouvier, L'usage du monde. (1963)

 

 

 

- Ebréché -

- Ebréché -

"A l'est d'Erzerum, la piste est très solitaire. De grandes distances séparent les villages. Pour une raison ou pour une autre, il peut arriver qu'on arrête la voiture et qu'on passe la fin de la nuit dehors. Au chaud dans une grosse veste de feutre, un bonnet de fourrure tiré sur les oreilles, on écoute l'eau bouillir sur le primus à l'abri d'une roue. Adossé contre une colline, on regarde les étoiles, les mouvements vagues de la terre qui s'en va vers le Caucase, les yeux phosphorescents des renards. Le temps passe en thés brûlants, en propos rares, en cigarettes, puis l'aube se lève, s'étend, les cailles et les perdrix s'en mêlent... et on s'empresse de couler cet instant souverain comme un corps mort au fond de sa mémoire, où on ira le rechercher, un jour. On s'étire, on fait quelques pas, pesant moins d'un kilo, et le mot "bonheur" paraît bien maigre et particulier pour décrire ce qui vous arrive."

(Nicolas Bouvier, op. cit.)

 

- Alone, almost alone -

- Alone, almost alone -

- Plissé -

- Plissé -

- Cañon d'Ordessa : pas d'Apaches en vue -

- Cañon d'Ordessa : pas d'Apaches en vue -

- Un petit pas pour l'homme -

- Un petit pas pour l'homme -

- L'antre des dieux -

- L'antre des dieux -

- De glace et de roche -

- De glace et de roche -

- Sur des prés d'herbe fraîche -

- Sur des prés d'herbe fraîche -

- On a marché sur la lune -

- On a marché sur la lune -

- Accouchement -

- Accouchement -

Mont Perdu, Gavarnie-Ordessa (Hautes-Pyrénées, Aragon). 2 & 3 août 2015.

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"Ce toit tranquille où marchent les colombes"

25 Juillet 2015 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #montagne

"Ce toit tranquille où marchent les colombes"

Trois mille quatre cent quatre mètres. Pour les rabat-joies qui ne jurent que par les Alpes – il y en a hélas – ce plus haut sommet des Pyrénées ne les fait point fantasmer. Ils ont tort, mais peut-être pas complètement : seraient-ils en effet capables d’en atteindre le sommet du crâne ? Pas si sûr…

Nous avons laissé la voiture en contrebas d’un lieu au nom comme une promesse : les Hospices de France. Un des plus vieux lieu de passage de la France vers l’Espagne, et inversement. Une auberge, un abri, un lieu de soin et de réconfort à l’époque où traverser la frontière signifiait encore quelque chose de terrifiant, une famille d’épicier du nord de la France n’ayant pas encore créé une célèbre marque d'équipement de sport à prix défiant toute concurrence...

Luchon d’un côté, Benasque de l’autre. Entre les deux, une vingtaine de kilomètres mais  surtout un gros millier de mètres de dénivelé. Il faut en effet franchir le « Port de Venasque » à 2.445 mètres, entaille creusée de toute pièce dans la roche pour permettre un passage plus aisé qu’au col de la Glère (quel horrible nom !) quelques hectomètres plus à l’ouest. Pas de quoi nous effrayer, d’autant plus que le village de Benasque n’est point notre but final. Notre but, c’est l’Aneto, le plus haut sommet de la chaîne pyrénéenne, à 3.404 mètres. Il nous salue autant qu’il nous défie sitôt embouqué le Port de Venasque.

 

"Ce toit tranquille où marchent les colombes"

Quelques arpents plus bas (500 m de dénivelé quand même), une courte remontée permet de poser son sac et sa paillasse près du refuge de la Renclusa, sorte d’auberge espagnole bourrée d’Espagnols, justement. Son nom me fait toujours penser à « réclusion », allez savoir pourquoi… Le repos du guerrier y est cependant nécessaire, les choses sérieuses commenceront demain dès le lever du soleil. Nous nous couchons enveloppés dans une couverture d’étoiles, rien que le moelleux d’un sac de couchage entre elles et nous…

 

"Ce toit tranquille où marchent les colombes"

Le jour levé, et nous avec, il faut partir en suivant la caravane de marcheurs vers la Mecque du Pyrénéisme, la Jérusalem de roche et de glace, quasi céleste. S’embarquer dans des pierriers, sauter les blocs, atteindre, enfin, une brèche nommée « Portillon supérieur ». De là, le sommet apparaît plus précisément, mais on devine qu’il n’est pas encore sous nos semelles. Ces dernières seront rapidement revêtues de crampons, la neige est là, la glace aussi, en pente douce d’abord – alternant avec les rochers – puis plus nettement en tirant est/sud-est le long des flancs du sommet désormais tout proche. C’est là que le camarade décide d’effectuer un peu de maintenance sur ses crampons, ces derniers ayant lâchement décidé de lâcher prise dans la première partie. Il faut toujours vérifier son matériel avant de partir, pour éviter la trop grande confiance qui peut s’avérer néfaste une fois dans le merdier.

 

"Ce toit tranquille où marchent les colombes"
"Ce toit tranquille où marchent les colombes"
"Ce toit tranquille où marchent les colombes"

Sitôt la neige abandonnée, « il ne reste plus qu’à » suivre une crête sommitale et franchir l’ultime difficulté, à 25 mètres à peine du sommet : le « pas de Mahomet », que bon nombre de croyants comme d’athées ne franchiront jamais, vertige oblige. Dommage, même assis ça passe, et le prophète de la soumission ouvre sur un autre qui a mal terminé sa vie puisque c’est une croix métallique qui nous accueille, pour la seconde fois en 7 ans, au sommet de ces 3.404 mètres d’altitude et de bonheur absolu. La vue, totalement dégagée, porte aussi loin que nos petits yeux veulent bien aller. Pas un bruit, pas un souffle d’air ou c’est tout comme. Aucun emmerdement à l'horizon.

 

"Ce toit tranquille où marchent les colombes"
"Ce toit tranquille où marchent les colombes"

Là sont les dieux et leurs sièges royaux. Pauvres mortels nous n’y sommes que brièvement tolérés, avant de redescendre par le même chemin (et donc aussi le même pas de Mahomet). Mais nous sommes chargés de souvenirs - ce qui doit peut-être nous différencier des dieux de cet Olympe pyrénéen - aussi et même surtout chargés de l’envie irrépressible de revenir là, un jour, sans tarder.

 

"Ce toit tranquille où marchent les colombes"
"Ce toit tranquille où marchent les colombes"
"Ce toit tranquille où marchent les colombes"
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Les 4 saisons de la bourlingue

24 Avril 2015 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #montagne

Le temps passe, irrémédiablement. Mais ces paysages demeurent. Un peu comme nous, ils changent juste d'habits.

Au revoir, gens de la plaine. La source du bonheur est ailleurs... 

Avril

Avril

Juillet

Juillet

Novembre

Novembre

Février

Février

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La nature dans le sang

3 Mars 2015 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #montagne

 

 

SAB 2137 R

 

 

"La cime des arbres est à peine visible dans la nuit noire. Mais les rares morceaux de ciel qu'il aperçoit le confortent dans sa direction. Il approche, il en est sûr. Nul besoin de carte ou de boussole : ses pieds, déjà, reconnaissent le sol humide et mousseux. Ses mains, légèrement en suspension de part et d'autre de son corps, effleurent doucement les troncs d'arbres qui, l'entourant, lui indiquent le chemin. De temps à autre, il perçoit un battement d'ailes, le cri d'un hibou, ou la course d'une bête entre les feuillages : rien qui puisse l'inquiéter. Pourtant, sa respiration s'accélère, son coeur bat plus fort, son pas est plus empressé. Bientôt le lac de Walden et sa cabane. Bientôt la tranquilité et la liberté... Encore quelques mètres et il sera enfin chez lui, entouré de verdure et d'animaux, du bruit de l'eau et du souffle du vent. Plus il avance, plus l'obscurité s'épaissit, mais elle ne le freine pas. Il pourrait, sans relâche, marcher dans le noir, ou les yeux fermés. Il sait qu'il ne peut se perdre dans ces bois trop familiers. Ils sont sa patrie, son foyer, ceux qui lui ont appris à respirer, à voir, et à toucher."

 

(Marie Berthoumieu et Laura El Makki, Henry David Thoreau, biographie).

 

 

SAB 2116 R

                                      - Plateau du Benou -

 

 

Et sinon : bourlinguer quelques jours (encore et toujours)...

 

 

SAB 2127 R

                                                - Cabane de Chérue -

 

 

 

SAB 2131 R

 

 

 

 

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Ma cabane (mais pas au Canada) # 2

6 Décembre 2014 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #montagne

 

 SAB 1510 R

                                       - Ma cabane -

 

Une cabane au Canada ? Non, ma cabane d’Ossalois, dans le petit matin de novembre froid. Encore un pas puis deux puis trois, voici l’éclatante chaleur visuelle et olfactive de l’automne. Ô tonne chéri ! Comme tu me caresses dans le sens du poil de tes senteurs, de tes couleurs ! Ils entrent par tous les pores de ma peau, et je vibre à te sentir m’envelopper, alors qu’un pas puis deux puis trois, j’arrive près de celle du Long d’Ayous, où je dormis tant de fois, enveloppé d’un drap d’étoiles et de rêves d’ascensions, contemplant avant  que le marchand de sable ne passe la cime de « Jean-Pierre ».

 

SAB 1515 R

 

Alors que je n’aperçois pas encore la faîtière du refuge d’Ayous, la neige crisse déjà sous nos pas, premiers flocons tombés la veille alors qu’en bas une pluie grise et froide enveloppait toute chose. Arrivés au bord du Lac Gentau, il y avait juste assez de brise pour empêcher le reflet de « Jean-Pierre » dans le lac, souvenir d’une belle photo ici même à l’automne dernier.

 

  SAB 1526 R                                           - Etat de siège -

 

 

Qu’à cela ne tienne, et c’est vers Berseau que nous allons, où la bordée de nuages – inoffensifs – donnent à penser… Au bord du lac Castéreau la vue était à la hauteur de la journée. Le cul sur une pierre froide, le pâté à l’ail ne nous a pas empêché de contempler ce qu’il y avait à voir, risquant juste une fracture de l’œil (ça fait pas mal).

 

 

SAB 1554 R

                                          - Just have a lunch -

 

En descendant près d’autres cabanes – toujours pas au Canada – deux cadavres de vaches dévorées récemment par les vautours qui ont dû s’en donner à cœur joie… Chers vautours, désormais repus… Qu’ils se régalent les braves, des blondes d’Aquitaine aux bourbonnaises en passant par celles du Perche, qu’ils se repaissent de ces restes royaux, avant que l’hiver n’arrive et ne les mette à la diète forcée !  Les encorneuses cornues finiront cocues, avec de belles cornes… Je « contemple » ce qui reste de ces bovins, et songe à d’autres, en criant : « mort aux vaches ! »

 

  SAB 1563 R

                                                       - Death valley -

 

 

SAB 1566 R

                                                             - Death valley # 2 -

 

Mais déjà le jour baisse et la fraîcheur se fait sentir : nous ne sommes plus en été malgré la douceur de vivre de cette journée extraordinaire. Il faut, encore une fois, se résoudre à redescendre et retrouver la vallée, non sans avoir fumé la cigarette de la liberté au cul de la bagnole en contemplant une dernière fois, cabanes, arbres en feu automnal, et sommet mythique sur lequel nous étions il y a à peine deux mois. Montagnes Pyrénées, décidément, vous êtes mes amours.

 

 

 SAB 1573 R

                                          - Après l'effort -

 

 

 

   F.S.  8-11 novembre 2014. Vallée d'Ossau, Béarn, France.

 

suite de Ma cabane, mais pas au Canada (teasing de ouf !)

 

 

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Ma cabane, mais pas au Canada

13 Novembre 2014 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #montagne

 

SAB 1488 R

 

 

Ici, bientôt, il sera question de cabane (mais pas au Canada), de couleurs automnales chatoyantes, de première neige étincellante (comme du "sucre glace" ?), des frimats de l'automne d'une journée inoubliable, d'un bon feu de cheminée et de vaches mortes sous le regard d'un géant.

Comme ça, vous reviendrez ici lire et en prendre plein les yeux. Et d'ailleurs ça commence là :

 

 

SAB 1526 R

 

et là aussi :

 

 

SAB 1535 R

 

Mais ça n'est qu'un début. Et si vous n'aimez pas la montagne et ses paysages, allez vous faire cuire un oeuf. 

 

(teasing de ouf ! )


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« Parfois on peut marcher sur la montagne et y trouver la paix »

8 Octobre 2014 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #montagne

 

 

SAB 1045 R                                               - Au petit matin frais -

 

 

Si j’emprunte ce titre à un camarade blogueur (1) c’est parce qu’il a visé juste, dans le mille. Son article commence ainsi : « Hervé Gourdel est mort il y a quelques lunes, assassiné pour avoir voulu marcher sur une montagne. » C’est exactement ce que je me suis dit quand les médias ont annoncé sa mort atroce, le 24 septembre dernier. Je me suis dit qu’on avait assassiné un type qui n’aurait jamais du l’être, pas seulement parce que c’est un homme et qu’on n’a pas à faire ça, mais aussi parce qu’il était guide de haute montagne, et que c’est à cause de sa passion pour elle qu’il est mort. Paradoxalement, ce n’est pas la montagne elle-même qui l’a tué – une mort d’alpiniste qui dévisse – mais ce sont bien d’autres hommes qui l’ont égorgé, comme on égorge un mouton ou tout autre animal. La seule évocation de cet acte suffit à me révulser, me dégoûter, et je sens l’odeur du sang, cette odeur chaude et ferrugineuse si reconnaissable.
 

Frédéric Berg, dans son très beau texte intitulé : Et moi, dans quel ordre suis-je ? me ramène à l’essentiel, et cet essentiel j’y pense depuis le début de cette histoire d’enlèvement sitôt le pied posé sur le sol algérien. Hervé Gourdel allait là bas pour « marcher sur une montagne », en paix. Depuis le temps qu’il crapahutait, il a pourtant du prendre infiniment plus de risques, tout cumulés. Des risques calculés, évalués, mais des risques quand même. La mort et son haleine fétide, il a du la frôler déjà quelques fois. Cependant, à voir et entendre ses proches, ses copains guides, tout ce milieu de modestes taiseux de la montagne, on sent en lui la profondeur des gens qui marchent « là haut » entre ciel et terre, sur le fil des crêtes, les sentiers à vaches ou sur la pointe des sommets. On sent surtout la paix qui se dégage de ces étranges journées où, fatigué par la marche et les efforts de toute sorte, on redescend, fourbu et heureux, goûter un temps de repos bien mérité.
 

Le camarade Berg ne marche pas en montagne : il y court. Adepte depuis quelques temps de trails, d’ultra-trails même (il vient de clore celui du Mont Blanc, le fameux UTMB), il semble heureux de courir dans la montagne, même si, à le lire, ça a l’air d’une putain de galère sans nom, souvent l’enfer même… Je le dis sincèrement : j’ai du mal à comprendre ceux qui ne marchent pas en montagne mais y courent. Peut-être parce que je n’ai jamais essayé moi-même, ou que je n’ose pas de peur d’avoir mal (raison la plus probable). Peut-être aussi et même surtout parce que je n’en vois pas l’intérêt, car ce que j’aime par-dessus tout dans la montagne ce n’est pas en finir le plus vite possible mais au contraire faire durer le plaisir le plus longtemps possible. Aussi il m’arrive souvent de m’arrêter, restant debout, au milieu d’un paysage, d’un chemin, là, comme ça, juste pour voir et sentir de longues minutes, et retarder le moment redouté de la descente.
 

Frédéric court, donc. Mais je suis à peu près sûr d’une chose – même si finalement nous n’en avons jamais directement parlé, juste par blogs ou réseaux sociaux interposés – c’est que nous allons dans la montagne pour la même raison : trouver la paix. Etre en paix. Habiter la paix. Nul par ailleurs – en mer, peut-être ? – on ne trouve cette paix et la capacité qu’elle a de vous envahir complètement, jusqu’à faire battre le sang dans vos tempes lorsque le souffle vous manque, lorsque la sueur vous coule le long du dos, lorsque vous levez le nez et que vous dites : « ça y est, j’y suis ».
 

Cette paix, Berg et moi l’avons trouvée. Tant mieux, et gardons-là le plus longtemps possible, non comme un secret qu’il faut jalousement garder, mais une chose à dire et à partager.
 

Gourdel, lui, à tant vouloir la paix des montagnes a malheureusement fini par trouver la mort. C’est dire si, humains, nous sommes bien fragiles au milieu d’elles, et pas toujours à cause d’elles, hélas.

 

« Parfois on peut marcher sur la montagne et y trouver la paix ».

 

 

(1) http://quebec.blogs.charentelibre.fr/archive/2014/10/08/et-moi-dans-quel-ordre-suis-je-189730.html

 

 

SAB 1086 R                                                 - Franchir le pas -

 

 

 SAB 1053 R

                                           - Premier de cordée -

 

 

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Sur la terre comme au ciel

29 Août 2014 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #montagne

 

 

SAB 0902 R

                                                     - Si je t'attrape... -

 

 

Je l’ai déjà écrit ici l’année dernière à la même période ici  : je kiffe Gavarnie, ce que pompeusement certains auteurs ont qualifié de « Chamonix des Pyrénées ». J’avais ruminé, en redescendant du « Taillon », un fastoche pic pelé à 3144 mètres au dessus de la coquille des bigorneaux. Une déclaration d’amour quasi phallique à ce lieu des Hautes-Pyrénées où je me rends presque chaque année comme un mystique en pèlerinage. Et cette année, j’y suis retourné.
 

 

SAB 0912 R

                                                       - Là bas, en bas -

 

 

L’abondance de neige persistante, du à l’hiver abondant en 2013, m’avait toutefois empêché d’aller où je voulais. Une excursion sur la crête même du cirque de Gavarnie, et précisément en son quasi milieu : un sommet qui se nomme La Tour, culminant modestement à 3009 mètres, mais aux parois surplombant le vide avec des à pic vertigineux. Une chute serait, on s’en doute, fatale. Ce vertige de l’amour rocheux me grise et m’attire, irrémédiablement. J’ai visité l’endroit en 2005 et 2006, mais pas depuis. Je l'écris autant que je le hurle : ce lieu me manquait. Je l’aime pour cette impression d’avoir là, juste sous les godasses, l’équivalent d’une Tour Eiffel, sans les touristes qui lui sont habituellement flanqués. Puis 1700 mètres, à peine 2 kilomètres à vol d’oiseau plus bas, se niche le petit village de Gavarnie. Derrière mon dos, une bordée de nuages brumeux monte de l’Espagne. Nous sommes là sur le vrai fil de la frontière, dans tous les sens du terme.
 

 

 

SAB 0916 R

 

 

 

Pour monter ici, il faut se lever de bonne heure. Franchir la brèche de Roland. Passer le fameux « Pas des isards » et sa célèbre chaîne, à flanc de rocher, où, pendant quelques mètres, l’espace pour les pieds n’excède pas 3 à 4 cm. Les premières fois, je me faisais une règle intangible de ne pas tenir ce lien métallique fixé à la paroi. Désormais, l’âge aidant, je prends en main parfois cette chaîne, me souvenant qu’une chute ici ferait sans doute mal à défaut de tuer. C’est aussi parce qu’on a envie d’y revenir que cette chaîne est là. Pour s’enchaîner à la beauté minérale du site.
 

 

SAB 0930 R

                                                     - Enchaîne -

 

 

Passé cette difficulté sans conséquence excessive, le col des Isards est vite avalé. Le choix s’impose : soit le Casque, un pic à 3006 mètres aux flancs pierreux peu engageants et à l’heure où nous y sommes la tête dans un nuage. Soit La Tour, en face de nous, au couloir enneigé raide comme un cierge de Pâques. Ce couloir, qui peut être évité en le contournant par son flanc sud, permet cependant d’accéder quasi directement à quelques mètres du sommet. La paire de crampons dans mon sac n’incite pas vraiment, pour l’heure, à un quelconque renoncement. La situation ne fut pas la même quelques jours plus tôt, dans le cirque de Troumouse, où mon camarade et moi allions gaiment au pic de la Munia (où nous prîmes des risques inutiles).
 

 

SAB 0921 R

                                                                 - Corridor -

 

 

Les deux Espagnols à quelques mètres devant moi s’équipent aussi, et nous voilà partis à l’assaut de ce couloir raide. Ça monte sévère et je garde néanmoins mes distances, de peur que l’un des deux Ibériques ne dévisse et m’entraîne dans sa chute. Je profite quand même des pas qu’ils font devant moi, et arrivés en haut je les remercie « para el camino ». Je profite aussi de leur séance photo pour les doubler et leur gratter l’arrivée au sommet, dont je profite en solitaire quelques minutes avant eux. Je m’approche de ce vide enivrant, à distance raisonnable cependant, craignant une brusque autant que perfide rafale de ce vent d’Espagne qui m’enverrait en bas sans rien toucher durant 300 mètres. Le « base-jump » ce n’est pas mon truc, et j’ai raccroché mon parachute un jour de juillet 97… Tout est là sous nos yeux : Vignemale, Taillon, Casque (embrumé), Mont Perdu, Cylindre, Marboré, les trois Pics de la Cascade, la cascade elle-même, l’Epaule du Marboré. Le spectacle est à la hauteur des espérances, des rêves, et devient réalité.
 

 

Je ne rêve pas que je vole, d’ailleurs je ne vole pas j’ai les pieds bien sur la roche du crâne de "ma" Tour. Je suis juste bien là, au ciel, à cette heure-là le plus bel endroit de la terre.

 

 

SAB 0906 R

                                                      - Un pas, un seul -

 

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Le grand saut

27 Août 2014 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #montagne

 

 

Ici, très bientôt, nous vous raconterons comment le ciel est le plus bel endroit de la terre.

Et nous ferons le grand saut...

(teasing de dingue !)

 

 

 

SAB 0906 R

                                                   - Chiche ? -

 

 

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