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Le jour. D'après fred sabourin

etonnement

le péril jeune

4 Juillet 2006 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #étonnement

                                                passe ton bac d’abord…


          Les jeunes sont de retour dans la rue ! Hier matin, ils battaient de la semelle sur le pavé de ma vieille rue, devant le lycée Ste Marthe. Mais cette fois, il y avait comme de l’électricité dans l’air, et quelque chose était différent : des parents étaient là aussi, anxieux, le regard nul part et partout à la fois. Des téléphones triturés dans tous les sens, des mouchoirs chiffonnés au creux de la main, les cigarettes grillées nerveusement. Plus rien à voir avec les sorties de classe du mercredi ou du vendredi, insouciantes et éprises de l’excitation propre à l’arrivée du temps libre. D’un seul coup, des cris, de la joie, des embrassades, des accolades, des bras levés en l’air, le point serré et rageur. Les mains formant un cône se saisissent du visage, enveloppant le nez et la bouche : quel est se signe tribal qui prend les jeunes et leurs parents, là, ici, dans cette vieille ruelle du vieil Angoulême ? Le directeur de l’établissement est là lui aussi, deux jeunes filles, enthousiasmées par leurs résultas, semblent presque tomber à la renverse et il les retient de justesse. Il y a aussi, là bas, dans le coin d’une austère porte cochère une jeune fille en larmes, le portable greffé à l’oreille. On devine la teneur de la conversation, avec un père ou une mère, cherchant le réconfort après cette lourde déception. Derrière moi, une sympathique jeune lauréate s’écrie : « allo, maman ? Ca y est je l’ai !! ».
Oui mais de quoi s’agit-il donc ? Du bac, ce précieux sésame qui ouvre les portes d’un avenir qui reste encore à dessiner. Le bac, qui ouvre aussi la porte des vacances, celles qui auront été désirée par ceux qui ont entendu pendant un an : « passe ton bac d’abord».

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la chronique sur la vie d'aujourd'hui...

24 Juin 2006 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #étonnement

                                  attention, travaux…

    Dans ma rue il y a des travaux. Et moi j’aime regarder les travaux. C’est l’ancienne clinique Ste Marthe qui est en démolition. Le puissant tractopelle saisit de ses mâchoires d’acier le calcaire d’une pierre bien charentaise, mais devenue grise, patinée par le temps. Une maison qui s’écroule, c’est toujours un peu de l’humain qui s’en va. On imagine la vie qu’il y avait à l’intérieur. Par la façade éventrée, on aperçoit encore les restes des chambres. La peinture jaunie, les câbles pendent en triste pantins désarticulés. C’est plus fort que moi, je pense à ces vies sauvées dans ces espaces désormais à ciel ouvert. Les malades qui étaient ici. Leurs angoisses, leurs souffrances, les longues nuits de veille, quand le sommeil ne peut venir. Les rires des enfants qui visitent les malades, et font fi de l’ambiance, apportant une note joyeuse à la vie blessée. Je pense aussi aux soignants, qui ont arpentés les couloirs de cette clinique, qui ont pansés, rassurés, accompagnés malades et mourants. Au premier étage, on voit encore une tablette accrochée en hauteur : sans doute pour une télévision, précieuse fenêtre sur un monde dont on ne fait plus partie lorsqu’on est allongé sur un lit médical. Des débris de plancher pendent en drôle de langues. On voit désormais tout un espace qui auparavant nous était interdit. La perspective prend de la profondeur. C’est toute une rue qui en est changée.
Au fond de ce qui reste encore de cour, le tractopelle trône, chaud encore de sa ripaille gargantuesque. On l’entend presque digérer ce qu’il a mis au sol et ingurgité, dans un cliquetis de tôles en refroidissement, baignées d’huile chaude. Nous sommes dans ce laps de temps où l’homme hésite entre son ancienne humanité blessée et la machine surpuissante, qui vient faire du neuf. Qui des deux l’emportera ?
Je presse le pas : l’inquiétante dévoreuse de façades me regarde fixement… Je ne fais pas partie des meubles !

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