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Le jour. D'après fred sabourin

voyage - voyage...

Blond vénitien

13 Juin 2017 , Rédigé par F.S Publié dans #voyage - voyage...

Ses cheveux qu’elle relève sur sa tête et maintient en l’air le temps de parler, de réfléchir, font comme un petit palmier exotique. Puis elle les relâche, d’un geste sec et tendre à la fois. Son parfum vanillé, légèrement sucré, soulève des flots de certitudes : « elle est aimable, vraiment », se disait-il, plongeant sans retenue dans l’azur de son regard profond. On dirait l’Italie. Le vent chaud de la Méditerranée remonte le long de cette Via antique bordée de pins maritimes, d’oliviers, d'amandiers et de cyprès, caressant les pierres anciennes chauffées à blanc par le franc soleil d’été. Elle était là, face à lui, face à elle-même aussi. Le mouvement de sa main dans son dos puis le long du bras valait toutes les promesses. « On en reparle », dit-elle. Ce vent sensuel soufflait dans sa poitrine et encerclait sa respiration. Il suffoquait. S’il avait su que cette asphyxie était si douce... Temps immobile, où tout demeure encore possible. Pont des soupirs, vaporetto, ruelles étroites et fraîches se laissant ça et là au détour d’un angle transpercer par un soleil ardant. Pont des soupirs, il crut mourir ; d’amour, pour cette belle en fuite, au-delà des lignes, au-delà des rêves, au-delà des désirs enfouis qui tombent en pluies d’orages. Promesse de l’aube, promesse perdue peut-être… Il n’aurait jamais pensé que cette lame de douleur pénétrant sa poitrine ait pu revenir un jour. Elle ne le lâcha plus.

 

- En route vers Mysore (Inde), sept. 2006 -

- En route vers Mysore (Inde), sept. 2006 -

Elle apportait du thé, il buvait de la chicorée au lait.

Une chose horrible, disait-elle.

Il était sergent de l’armée de terre, dans une aile discrète du Renseignement français.

Elle habitait Saigon près du fleuve.

On la tutoyait. Il la vouvoyait.

Un matin elle trouva un message enlacé autour d’un hibiscus rouge :

Ma chicorée est certainement horrible, mais votre thé est insipide.

Apprenez-moi à l’aimer.

Ce qu’elle fit…

Bernard Giraudeau, Les Hommes à terre.

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Dans le lit de la mer

7 Février 2017 , Rédigé par F.S Publié dans #voyage - voyage...

- 21 mai 2010, Rouen. Tournée d'adieu de la Jeanne. Dernière escale avant Brest, et la fin -

- 21 mai 2010, Rouen. Tournée d'adieu de la Jeanne. Dernière escale avant Brest, et la fin -

« J'aime l'amour des marins qui embrassent et s'en vont

Ils laissent une promesse et jamais ne reviennent

Dans chaque port attend une femme, les marins embrassent et s'en vont

Un jour, ils s'allongent avec la mort dans le lit de la mer... »

Pablo Neruda, Farewell.

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Ligne de fuite (suite)

1 Août 2016 , Rédigé par F.S Publié dans #voyage - voyage...

- Pensif -

- Pensif -

"Et là-bas, sous le pont, adossé contre une arche,
Hannibal écoutait, pensif et triomphant,
Le piétinement sourd des légions en marche"

(José-Maria de Heredia, La Trebbia)

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Ligne de fuite

14 Juillet 2016 , Rédigé par F.S Publié dans #voyage - voyage...

- Histoire de la France rurale -

- Histoire de la France rurale -

Bourlinguer...

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En lisant "Sur la route", de Jack Kerouac

24 Janvier 2016 , Rédigé par F.S Publié dans #littérature, #voyage - voyage...

- Sur la route en Limousin - (2015)

- Sur la route en Limousin - (2015)

"A présent, , il fallait que je dorme une journée entière, après quoi je me remettrais en route jusqu'à Denver. Je suis donc allé au YMCA, mais il n'y avait plus de chambre, alors mon instinct m'a conduit le long des voies ferrées, pas ce qui manque à Des Moines, et je me suis retrouvé dans une vieille auberge sinistre, près de la rotonde de la locomotive, un vieil hôtel, où j'ai passé une longue journée fabuleuse à dormir sur le matelas dur d'un grand lit tout propre et tout blanc, avec des saloperies graffitées à mon chevet, et des stores jaunes décrépits tirés sur le théâtre enfumé des voies de chemin de fer. Je me suis réveillé à l'heure où le soleil rougissait, et ça a été la seule fois précise de ma vie, le seul moment tellement bizarre, où je n'ai plus su qui j'étais... Loin de chez moi, hanté, fatigué du voyage, dans une chambre d'hôtel à bon marché que je n'avais jamais vue, j'entendais les trains cracher leur fumée, dehors, et les boiseries de l'hôtel craquer, les pas, à l'étage au-dessus, tous ces bruits mélancoliques, je regardais les hauts plafonds fissurés, et pendant quelques secondes de flottement je n'ai plus su qui j'étais. Je n'avais pas peur, j'étais simplement quelqu'un dautre, étranger à moi-même ; et toute ma vie était hantée, une vie de fantôme... J'avais traversé la moitié de l'Amérique, je me trouvais sur le fil, entre l'est de ma jeunesse et l'ouest de mon avenir, c'est peut-être pour ça que ça s'est passé là et pas ailleurs, en cet étrange après-midi rouge. Mais il fallait que je me remette en route, au lieu de pleurer sur mon sort, alors j'ai pris mon sac, j'ai dit au revoir au vieil aubergiste assis à côté de son crachoir, et je suis allé casser la croûte. J'ai mangé de la tarte aux pommes et de la glace ; la qualité s'améliorait à mesure que je m'enfonçais dans l'Iowa, la tarte était plus grosse, la glace plus crémeuse." 

Jack Kerouac, Sur la route. (Livre Un). 

- Sur les rails, à l'approche de Bangalore, Karnataka, India - (2006)

- Sur les rails, à l'approche de Bangalore, Karnataka, India - (2006)

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L'étoile filante

5 Janvier 2015 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #voyage - voyage..., #Lettres à ...

 

 

SAB 1614 R

 

 

Dimanche 4 janvier, 6h45 du matin. Extérieur nuit, route nationale 20, La Tour de Carol. 2° dehors. 21° à l'intérieur de la voiture. Les ombres blanches des sommets s'abattaient sur nous ; et la grande gueule d'une lune enceinte quasiment jusqu'aux yeux éclairait faiblement la route. Soudain, en direction du col de Puymorens, une étoile filante stria le ciel constellé d'étoiles.

Quel présage apportait-elle, cette enfant unique mort-née de l'atmosphère glacé ?

Je préfère amplement faire un voeux à celle-ci que tous les autres des débuts d'années, l'haleine chargée de relents de boudins blancs truffés, de chocolats fourrés et de champagnes tièdes.

Car ceux faits aux étoiles filantes ont probablement plus de chances de se réaliser... 

 

 

SAB 1602 R

                                             - Plouf ! -

 

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Bourlinguer

26 Décembre 2014 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #voyage - voyage...

 

 

"Alors chus r'parti sur Québec-Air
Transworld Northeast Eastern Western
Pis Pan-American
Mais j'sais pu ou chus rendu"

(Robert Charlebois) 

 

 

 

SAB 0964 R

                                           - Dans la brume électrique -  

 

 

 

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Voyage en ballon

4 Octobre 2014 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #voyage - voyage...

 

En automne, il n'y a pas que les feuilles mortes qui s'en vont, de ça, de là...

 

 

SAB 1175 R

 

 

 

 

SAB 1176 R

 

 

 

 SAB 1180 R

 

 

 

 SAB 1183 R

                                                  - Pan ! -

 

 

 

 

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Bourlinguer...

25 Juillet 2014 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #voyage - voyage...

 

 

En route pour de nouvelles aventures ! Sans regrets, sans se retourner, partir, s'enfuir, marcher, rêver : bourlinguer.

 

 

SAB 0226 R                                                          - et mort aux vaches ! -

 

 

 

"C'est de ce rêve que je veux ici vous entretenir, car il est peut-être aussi le vôtre, ou du moins l'a-t-il peut-être été dans votre enfance : c'est un rêve de cabanes. 

Ce rêve contient en quelque sorte tous les autres, car la cabane est par excellence le lieu où l'on peut rêver. Elle est aussi le lieu rêvé, où l'on peut toujours revenir se reposer entre deux aventures, pour digérer un voyage au long cours, préparer un nouveau départ vers d'autres horizons.

 

Ce rêve que je me propose d'écrire parce que je l'ai vécu, j'aurais aimé le trouver moi-même au chevet d'un lit, dans une cabane perchée en haut d'un grand chêne. Ce livre se serait intitulé Traité de la cabane solitaire, et je l'aurais lu bercé par le vent et le bruissement des feuilles.

 

Ce livre parlera donc des cabanes, de noeuds, de clous, de bois et de haches, mais aussi du chant du rossignol dans la nuit, de clairs de lune et de vie solitaire. Du haut de la cabane, il montrera le monde par-dessus la cime des arbres et des montagnes, jusqu'à un horizon où  rêve et réel se rejoignent."

 

Antoine Marcel, Traité de la cabane solitaire. (Arléa)

 

 

 

 

 

 

 

 

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Quatre mois que je suis parti...

4 Juin 2014 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #voyage - voyage...

 

 

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"Quatre mois que je suis parti, cela pourrait être une semaine comme un an, il me semble que ce serait la même chose, le temps a changé de dimension. Dehors il crachine sur une mer très calme pour cette zone, avec un petit force 3 régulier qui tire Joshua à six nœuds. Il fait bon dans ma cabine, au chaud, pleine de fumée de ma cigarette.
La pluie crépite imperceptiblement sur le pont, avec une note plus claire sur la mince coupole du poste de pilotage, le roulis est à peine sensible, on se croirait presque au mouillage dans un atoll tant tout est calme autour. Tout ce que l’Océan Indien m’a donné, la fatigue du début, les coups de vent pas trop méchants, les calmes, les oiseaux qui cherchaient, les dauphins noir et blanc et les oiseaux encore et beaucoup de joies depuis que ma fatigue est dépassée. Ce soir je n’ai pas sommeil, je respire la paix qui m’entoure, l’eau descend par les voiles qui la relient au ciel, elle remplit les seaux, je peux l’entendre d’ici quand la bôme se relève un peu en libérant d’un coup toute l’eau prise dans le pli du premier ris que je n’ai pas largué. Le jerrican est presque plein, je vais le transvaser bientôt dans le tank. J’ai pourtant bien assez d’eau pour atteindre le pot-au-noir de l’Atlantique, mais je la verse dans le tank et ne m’arrêterai que lorsqu’il sera plein. (…)
 

J’écoute la mer, j’écoute le vent, j’écoute les voiles qui parlent avec la pluie et les étoiles dans les bruits de la mer et je n’ai pas sommeil. Je pense à Williams Willis, tout seul dans son radeau de balsa pendant des mois et des mois dans le Pacifique, avec la mer à lui tout seul au milieu de l’univers. Et parfois il entendait le « Chant », par toutes les fibres de son être. Je l’entends aussi depuis quelques temps. Et c’est peut-être ça, la longue route. Mais je ne pourrai pas le dire ni le laisser sentir au passage de Tasmanie, la terre est trop loin en regard des questions que me posent les étoiles. Je ne pourrai leur donner que mon premier journal de bord, avec des oiseaux, du vent, de la mer, des points journaliers et des petits problèmes de la vie quotidienne. Le vrai journal est écrit dans la mer et le ciel, on ne peut pas le photographier pour le donner aux autres. Il est né peu à peu de tout ce qui nous entoure depuis des mois, les bruits de l’eau sur la carène, les bruits du vent qui glisse sur les voiles, les silences pleins de choses secrètes entre mon bateau et moi, comme lorsque j’écoutais parler la forêt quand j’étais gosse."
 

 

Bernard Moitessier. La Longue route (Arthaud 1986).

 

 

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