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Le jour. D'après fred sabourin

quelle epoque !

Le terrorisme expliqué à ma fille

17 Novembre 2015 , Rédigé par F.S Publié dans #quelle époque !, #Lettres à ...

 

Ma chère enfant, il y a onze mois, j’ai déjà écrit un texte qui commençait par le même titre. Je ne l’ai jamais publié, il est resté à dormir dans le dossier « textes 2015 » d’une clé USB qui ne quitte pratiquement jamais ma poche. A l’époque – qui semble déjà si loin – toute une rédaction de dessinateurs caricaturistes était tombée sous les balles de Kalachnikov, ainsi que des clients d’un supermarché casher. La traque de deux des assassins s’était terminée dans les conditions que l’on sait, et dont nous avons vu les images, scotchés aux médias, les jambes tremblantes. Le moment que nous avons vécu, dès le début de l’année alors qu’il restait un peu de buche de Noël dans le frigidaire et qu’on avait à peine rangé les guirlandes et boules du sapin dans un  placard, était à la fois sidérant, terrifiant, tout autant que gonflé par l’espoir grâce à l’incroyable soulèvement solidaire des Français et même du monde. J’avais vu passer, ici ou là, des trucs pour « expliquer le terrorisme » aux enfants, la plupart en bande dessinée. C’était raccord avec le thème. Zep s’y étais mis, d’autres aussi, moins connus mais qui gagnent à l’être. Il faut reconnaître un certain « avantage » aux illustrateurs pour ce type de question à l’adresse du jeune public. Du coup, j’avais essayé de t’écrire moi aussi quelque chose, que je n’ai pas trouvé assez fort sur le moment et pourtant je voulais que ça sorte de mes tripes. Mais ça n’est pas sorti. J’ai laissé tomber.

C’était sans compter sur ce vendredi 13 novembre, où nous venons de franchir un pas définitif dans la terreur, la stupeur, l’horreur et tout le tremblement. Les mots nous manquent pour décrire tout cela. Trois jours après, lundi 16, tu as toi aussi fait ta minute de silence, à l’école maternelle (qui n’a jamais aussi bien portée son nom), dans ta classe, naturellement.

Je suis venu te chercher à quatre heures de l’après midi. Le ciel était gris, sans caractère, un ciel gris tout mou qui ne dit ni oui, ni non. Il faisait doux, et les feuilles mortes des arbres jonchent le sol désormais. Elles sont marrons, et, par endroit, elles forment une sorte de boue plutôt glissante, pas très avenante. La ville était très calme, mais ici ça n’est pas dû aux attentats de vendredi soir : dans une petite ville moyenne telle que B., le lundi c’est calme, tous les commerces ne sont pas ouverts, la circulation est fluide. On dirait presque un jour de vacances. On en est loin.

A l’heure pile, la grille de l’école s’est ouverte, et les parents sont entrés pour aller chercher les enfants qui ne restaient pas à l’accueil loisirs périscolaire (le truc des rythmes scolaires qui a énervé tout le monde il y a deux ans). Je ne t’avais pas vu depuis trois jours, je me suis demandé comment tu avais entendu parlé de tout ça. Tu es sortie de ta classe et je t’ai demandé comment tu allais. « Pas trop bien », m’as-tu répondu, le regard fuyant. « Ah bon ? Pourquoi ? » Et tu as expliqué que tes lunettes – une nouveauté depuis vendredi – te faisaient un peu mal au nez. Sur le chemin du retour, tu m’as dit : « M. m’a tiré la langue ! Je l’ai dit à A., qui va lui tirer les oreilles ! » J’ai entendu ça pendant que je réfléchissais toujours à la façon dont j’allais essayer de t’expliquer le terrorisme… Du coup, j’ai fermé ma gueule. On est rentré en se courant après genre « attrape-moi si tu peux » et en grimpant sur les murettes. La liberté. L’insouciance. La vie.

Pour le goûter, il y avait une demi-pomme, un carré de chocolat, du jus de pomme, un petit morceau de gâteau aux noix. Je me suis aussi épluché une pomme pour t’accompagner. Au bout d’un moment, le ciel était toujours gris dehors, je t’ai demandé si tu avais entendu la sirène à midi. « Oui » as-tu dit. « Et… vous faisiez quoi pendant ce temps-là ? » ai-je demandé, un peu hésitant. « On était en silence dans la classe. » Mon sang s’est figé. « Et tu sais pourquoi vous avez fait ça ? » Alors d’une traite, le plus calmement du monde, tu as dit : « Oui. C’est parce qu’il y a des gens qui sont morts à un spectacle. On leur a tiré dessus avec des gros fusils, comme des chasseurs, et dans la rue aussi. » J’ai dû reprendre mon souffle. « Et… tu sais dans quelle ville ça s’est passé ? » « Oui, à Paris. » A Paris où tu étais il y a quinze jours en balade avec ta maman…

… … …

Les points de suspension que vous venez de lire représentent les secondes – une dizaine ? Une trentaine ? Je ne sais plus – qui m’ont été nécessaires à la reprise de mes esprits. Toi, tu as continué de mâcher, toujours très consciencieusement.

On mangeait des pommes ; et en essayant de t’expliquer le terrorisme, je ne me suis pas rendu compte à ce moment-là que j’étais en train d’avaler les pépins.

 

FS 16/11/2015

 

(c) Terreur Graphique

(c) Terreur Graphique

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Les copains d’abord

16 Novembre 2015 , Rédigé par F.S Publié dans #quelle époque !

"A la mémoire de nos frères dont les sanglots si longs faisaient couler l'acide". 

(B. Cantat). 

Les copains d’abord

La date avait été choisie bien en amont, lors du dernier week-end où nous nous étions retrouvés. C’était au début d’un bel été, et nous avions pris rendez-vous « à l’automne ». Certains avaient un peu regretté le choix de novembre argumentant qu’on ne pourrait pas se baigner dans la piscine. D’autres avaient ajouté, pour positiver : « on ira chercher des champignons ou des châtaignes, c'est bien aussi. »

Vendredi 13 novembre, neuf vieux copains « de trente ans » (comme on dit, mais cette-fois-ci c’est vrai) ont convergés vers le Limousin, à quelques encablures de Limoges et de Saint-Léonard-de-Noblat. De Paris, Versailles, Blois, Castres, Lyon, Châteauroux La Rochelle et Angoulême, les 8 jeunes quadragénaires se préparaient pour un week-end « entre potes ». Parce qu’on a la chance de pouvoir encore le faire. Parce que nous nous connaissons depuis des lustres. Parce que nous avons déjà partagé beaucoup de moments ensembles. Parce que nous nous aimons d’une vieille amitié virile tout autant que sincère, je le crois.

D’emblée, l’ambiance est montée, naturellement, comme d’habitude dirai-je. Les bonnes blagues, les petites vannes sur l’un ou l’autre se sont mélangées aux nouvelles plus sérieuses. Des nouvelles de la famille, de la vie professionnelle, de la vie personnelle. On a épluché quelques châtaignes et coupé du saucisson, ouvert des bières, remis un bûche sur le feu. En cuisine, des parfums venaient déjà caresser nos narines tandis que nous guettions l’arrivée de l’un ou nous inquiétions du retard d’un autre. Quand tout le monde fut arrivé, nous avons enfin pris l’apéro, car la bière c’est juste pour la soif et la joie des retrouvailles. On a parlé de ceux qui ne pouvaient pas venir, expatriés quelques années au Chili ou en Chine. On a trinqué, et on a remis une bûche sur le feu.

Le dîner fut animé, sans éclats de voix particuliers pour autant. On a parlé politique bien sûr, mais sans s’engueuler, pour une fois. Les récentes déchirures entre tel ou tel semblent être pardonnées, ou en tout cas dépassées, chacun mesurant peut-être que ça serait quand même un peu con de bousiller une si longue amitié pour ça. On a parlé aussi, évidemment, de celles qui n’étaient pas là : les femmes. Présentes partout, mais visibles nulle part. Je ne m’étendrais pas sur le sujet, car je risquerais d’avoir des problèmes avec telle ou telle, et avec les féministes de garde qui veillent au grain, partout et toujours. C’était un week-end entre copains. Point.

On a ouvert quelques belles bouteilles, car c’est le seul dress code que nous nous imposons : on vient seul, sans femme, ni enfants, ni chiens ni chats, mais bien accompagné quand même. Sans être des buveurs d’étiquettes, nous sommes quand même amateurs de belles et bonnes choses… à partir du moment où elles s’ouvrent avec un tire-bouchon. Les discussions sont allées bon train, et on a voyagé sans quitter nos chaises : du Tchad d’où revient l’un des nôtres d’une mission humanitaire, à Pékin et Santiago où sont les frères de deux autres. Paris, Blois, Lyon et le Tarn ont fait le reste. On a aussi parlé médecine, et c’est toujours rassurant d’avoir un docteur parmi ses amis. On a évoqué la Cop 21, la planète, tout ça… Fromage, dessert, puis on s’est affalé qui dans le canapé, qui au bord de la cheminée, pour digérer en reprenant un verre de Saint-Emilion grand cru (ça aide, vous ne saviez pas ?).

On a remis une bûche sur le feu. Et les premiers tweets sont arrivés. Les premières alertes sur Facebook. Les premiers re-tweets des sites d’informations, des médias nationaux. Tout le monde, ou presque, s’est mis à regarder son smartphone sans rien dire. Nous cherchions les résultats d’un match de foot qui venait d’avoir lieu au Stade de France. Nous sommes tombés sur un concours de tir à vue en plein Paris. Un mauvais jeu de massacre. Et nous sommes tombés de haut. Certains on quand même débuté une petite belote, gardant une oreille à ce que les autres énonçaient en découvrant, stupéfaits, le bilan qui s’alourdissait minute par minute. Nous étions sidérés, sans mot dire. Le Parisien de l’équipe était inquiet. Son visage a changé. Le banlieusard n’était pas plus rassuré. Vers une heure du matin, les plus assommés sont allé se coucher. Les autres ont continué la belote. On se sentait à la fois proche de l’évènement et tellement protégé de là où nous étions, au beau milieu de la campagne limousine. Dehors, il commençait à faire froid mais sans excès pour un mois de novembre. Le silence était écrasant. Rien, ni chien, ni insecte, ni moteur, pas un meuglement de vache ni un souffle d’air. Le silence absolu de la nuit épaisse et lourde qui s’abattait sur notre maison, notre refuge. Une nuit noire. Une nuit de mort.

Le lendemain tout le monde s’est réveillé tôt, bien que certains se soient couché très tard. Nous avons alors pris, comme tout le monde, l’exacte mesure du drame atroce qui venait de ce jouer, un vendredi soir à Paris. Des gens écoutaient de la musique, mangeaient, buvaient, dansaient. Ils étaient à des terrasses de café, profitant de la douceur d’un automne jusqu’ici exceptionnel. Ils étaient, eux aussi, entre potes, entre amis, entre couples, ou seuls au comptoire, pour l’être un peu moins. Certains devaient se connaître, comme nous, depuis longtemps, depuis l'enfance qui sait, depuis toujours.

Nous avons alors tous pris conscience, sans se le dire, juste dans les regards et la manière d’être, que nous étions incroyablement chanceux d’être ensemble, d’être amis, et, plus encore : d’être vivants. La suite du week-end s’est déroulée comme elle devait : d’autres bouteilles se sont ouvertes, on a déjeuné dehors au soleil, la bière a coulé sous la mousse, on a ramassé des pieds de mouton et des châtaignes en secouant les feuilles mortes jonchant le sol des forêts. Le rosbif était parfaitement cuit comme on aime, et la tarte au pommes aussi. On a tapé dans un ballon de rugby, aux rebonds si imprévisibles. On a fait les cons avec le Lada Niva dans les chemins creux. Dimanche matin, sur la table du petit déjeuner, des journaux sont venus mettre des images et des mots sur l’horreur. Et nous disions : "et maintenant, que faire ?"

Enfin, l’après midi, au moment de la dispersion générale, tout les vieux copains, en se faisant des bises de vieux copains et se tapant sur les épaules se sont dit, droits dans les yeux : « à la prochaine, fin mai-début juin, hein ? »

Ouais, les gars. Sans faute, d’accord ?

Sans faute...

F.S 16 novembre 2015

- petite revue de presse entre amis -

- petite revue de presse entre amis -

- du beau, du bon, du...? -

- du beau, du bon, du...? -

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De quoi « l’ultra trail » est-il le nom ?

25 Octobre 2015 , Rédigé par F.S Publié dans #quelle époque !

De quoi « l’ultra trail » est-il le nom ?

C’est devenu une mode, pour une élite sur-entrainée et bénéficiant d’heures de loisirs pratiquement à volonté. Ne dites plus « course à pied » ou encore moins « jogging », pas plus que « footing ». Ces termes appartiennent à un passé révolu, où les tenues fluo disputaient aux ravitaillements exclusivement faits de bananes et de raisins secs. Le marathon – distance autrefois mythique (42,195 km sur l’asphalte) – ne les fait plus rêver. Il en faut plus, beaucoup plus. Enormément plus. « Pantagrueliquement » plus oserait-on dire. A s’en rendre malade même. Un truc de fou, et d’ailleurs une des épreuves les plus dures et les plus sélectives de la catégorie s’appelle comme ça : la « Diagonale des fous » (1). Qui sont ces forçats des temps modernes, ces prisonniers d’un goulag vers lequel ils se précipitent non pas en marchant, mais en courant (presque tout le temps) ? Qui sont ces masochistes qui disent pourtant y prendre énormément de plaisir au point de ne plus pouvoir s’arrêter ? Ce sont les ultra trailers. Des coureurs de fond, mais en plus long. Beaucoup, beaucoup plus long.

Terrain de jeu. Terrain de "je"

Sont-ils des repris de justice ? Des gens à qui on a annoncé qu’il ne leur restait que quelques mois à vivre et se lancent un défi de fou pour sentir une dernière fois leur vivacité corporelle ? Des évadés d’un bagne guyanais qui ne devaient leur salut qu’à la course effrénée sans se retourner ? Des inconscients à la recherche de sensations toujours plus fortes (essentiellement, dans le cas présent, de la souffrance et de la douleur assommante) ? Non, rien de tout cela. Des gens – des hommes, majoritairement – qui ressemblent à vous et moi. Ou presque. Ce sont plutôt dans les CSP + que se recrutent, se cooptent devrait-on dire ces « bêtes humaines ». En temps normal – mais qu’est-ce désormais la normalité pour eux ? – ils s’entrainent des heures entières en semaine, et le week-end aussi. Des heures qui se comptent en dizaines, vingtaines, trentaines ! De jours, de nuit, tôt le matin ou tard le soir, par tous les temps : tout le temps. Dès que les servitudes du travail leur en laisse le loisir – on y trouve beaucoup de consultants, de free-lance, de cadres de toutes petites entreprises de conseils ou de coaching – ils partent courir. Laissant la plupart du temps femmes et enfants, s’ils ont eu la patience d’attendre jusqu’ici, derrière eux. Alors ils s’enfoncent dans les bois, forêts, chemins creux, terres labourées, plates ou en pentes ; à la conquête de cols montagneux ; autour des lacs, bref : tout ce que la nature peut mettre à leur disposition comme terrain de jeu.

Terrain de jeu, et aussi terrain de « je » tant l’omniprésence sur les réseaux sociaux est indissociable des exploits aventureux de ces forçats des chemins de remembrement. On les voit dans toutes les tenues possibles, avant, pendant et après l’effort, généralement souriant tant qu’à faire même si on devine la crispation pour faire bonne figure (au bout de 100 bornes sans avoir dormi plus de 20 mn on le serait à moins !). Des ultra-selfies pour ultra-trailers satisfaits de compter des amis Facebook suffisamment nombreux et connectés pour les encourager à se « dépasser », à aller « toujours plus loin ». Mais, au fait, jusqu’où ?

Corps vivant / Corps mort

La ligne d’arrivée, généralement franchie au bout d’une quarantaine d’heures pour les plus chanceux, c’est-à-dire ceux (ou celles, ne négligeons pas les 20 ou 30 % de femmes qui s’adonnent à cette torture contemporaine et technologique, certes beaucoup plus discrètement côté selfies…) qui tiennent encore debout sans être trop blessés ou qui ne sont pas tombés ivres morts de fatigue au bord du chemin, cette ligne d’arrivée tant convoitée on s’en doute n’est pas la vraie limite qu’ils se fixent. Elle est ailleurs. Elle est plus loin, beaucoup plus loin. Au-delà des bornes et des limites qu’il faut franchir. Plus loin que la souffrance. Plus loin que la douleur (« qui ne dure qu’un temps, alors que l’abandon c’est pour toujours » peut-on lire dans les nombreux commentaires de la communauté globe-trotteuse facebookienne). Plus loin que tout, plus loin que la vie. C’est peut-être la mort que ces vivants essaient de rattraper, cette finitude humaine « qu’il nous faut regarder en face un peu tout les jours, histoire de ne pas la perdre de vue », dit je ne sais plus quel chanteur à la mode mais c’est plutôt bien tourné comme formule. 

 

La mort ? Vous n’exagérez pas un peu, quand même par hasard ? Non, je ne crois pas, et si je peux me le permettre c’est que tout en ne faisant pas partie de cette petite caste des épuisés et ravis des courses en chemin 48 heures durant, je me suis quand même arrêté à la fameuse distance reliant Athènes à Marathon… Et je trouve déjà ça fort épuisant pour ne pas dire traumatisant, malgré le goût que j'y ai pris. Je n’en fais pas partie, mais je l’observe de près, de très près même. J’en compte parmi mes amis – pas tous Facebook mais beaucoup y sont – et j’en ai même interrogé certains pour les besoin d’une enquête sur les « courses natures ». C’est peut-être bien la mort et sa mystique qu’ils cherchent à défier, à rattraper, pour la dépasser ? La terrasser ? La repousser ? La hâter, que sais-je ? Eux seuls répondront, peut-être un jour, si ce n’est avec des mots, ou avec ce qui leur restera de corps.

Douleur et gémissements : de la "bobologie" ? 

Autrefois, il y avait des guerres atroces et fratricides – on disait des « boucheries » ça dit tout – pour envoyer toute une génération de jeunes hommes en chier leur race à pied, en courant parfois, dans la boue et la poussière, exténués de fatigues, sur les petits chemins de terre et même en dessous, dans des tranchées. Le dépassement de soi y était possible, l’héroïsme aussi évidemment, l’entraide et la camaraderie également. Qualités qu’on retrouvent chez les traileurs, sorte de mineurs de fond des grandes surfaces naturelles et aérées.

Désormais, il y a les ultra-trails, où l’on repousse sans cesse ses limites, sans dormir ou presque (certains évoquent des hallucinations au bout d’un moment), en mangeant sur le pouce des glucides froids et ensuite mal digérés. Il faut avoir vu les vomissements, diarrhées et autres petits « tracas » des malchanceux, des mal préparés ou tout simplement des plus fragiles sur le bord du chemin pour constater à quel point quand le corps parle, tout le monde ne semble pas prêt à l’écouter de la même manière. 

Il faut voir et entendre les gémissements de douleur lorsque, une fois la ligne d’arrivée franchie (la vraie, pas l’autre, la virtuelle), ils s’écroulent sur l’herbe d’un stade quasiment incapables de se relever seuls (un marché potentiel pour les marchands de matériel médical, fauteuils roulants, béquilles, déambulateurs etc.).

De la « bobologie » ? On peut le minimiser de cette manière en effet. Ou le nier, c’est selon.

Difficile cependant de voir les suites réelles de ces travaux d’Hercule, les selfies se raréfiant une fois « l’exploit » accomplit (ou l’abandon subit…). On imagine aisément que ce ne serait pas très vendeur…

Jusqu'où ? 

Demeure selon nous une lancinante question que posent ces ultra-traileurs, véritables zek à la recherche d’un goulag ultra moderne à ciel ouvert : jusqu’où peuvent-ils aller ? Si la plupart de ces ultras courses tournent autour de 100 à 150 km, certaines courses atteignent 200 km, voire plus ! Dans des lieux inhospitaliers parfois. Sans compter les aléas météorologiques qui peuvent transformer ces sorties en véritables antichambre de l’enfer. On attend avec gourmandise le premier qui franchira, sans s’arrêter, les 1000 bornes d'affilées ; et si possible avec du dénivelé pour corser un peu l’affaire. Jusqu’où la "capacité de résistance et d’adaptation du corps humain" - ce sont leurs médecins qui le disent - ira-t-elle ?

Jusqu’à la mort, peut-être ? On ne le souhaite pas, mais elle seule pourra dire le mot : « fin ». Ou le dépasser, qui sait…

 

  1. Traversée de l’île de la Réunion, 166 km et 9.000 mètres de dénivelés positifs.

 

F.S 

 

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La France découvre l’existence des journaux en papier et des kiosquiers (Legorafi)

14 Janvier 2015 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #quelle époque !

 

Chers amis lecteurs du blog "Le Jour, d'après..." : je ne résiste pas à l'immense plaisir de vous faire partager cet excellent article de nos confrères du Gorafi.fr

 


France – Plusieurs centaines de milliers de témoignages concordants confirment l’existence de petites boutiques qui vendraient des journaux en papier avec des informations imprimées dessus avec de l’encre. On soupçonnait leur existence, d’autres affirmaient qu’ils avaient disparu. Les kiosquiers ( /kjɔs.kje/ ) et les journaux en papier existent donc bel et bien. Et cette confirmation d’existence s’est propagée comme une traînée de poudre dans toute la France, entraînant des belles grosses queues devant les kiosquiers. Nombreuses et nombreux étaient celles et ceux qui voulaient de leurs yeux voir et toucher pour la première fois un papier imprimé ou simplement parler à un kiosquier ou un marchand de journaux. Marie, 21 ans, a acheté ainsi un journal en papier dans un kiosque, une petite boutique en verre installée sur une place et vendant plusieurs autres journaux, eux aussi tous en papier. « Je ne savais pas ce que c’était, c’est très doux au toucher » raconte la jeune femme, émue, en caressant le papier du journal. « Il n’avait plus Charlie Hebdo mais j’ai réussi à acheter d’autres journaux, c’est fou, je n’imaginais qu’il y avait autant de titres et de revues différentes » affirme-t-elle. Un jeune homme souligne quant à lui l’impact profond que pourraient avoir les journaux papiers. « C’est une incroyable avancée. On peut aujourd’hui imprimer des informations sur du papier et les vendre dans des boutiques. En plus le papier fait un joli bruit quand on tourne les pages » ajoute-t-il tout en faisant tourner une page lentement. Selon d’autres informations qui nous parviennent, il semblerait désormais à peu près certain que ces mêmes kiosquiers vendraient d’autres journaux en papier et cela tous les autres jours de l’année.

La Rédaction

http://www.legorafi.fr/2015/01/14/la-france-decouvre-lexistence-des-journaux-en-papier-et-des-kiosquiers/

 

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On n'est pas là pour se faire engueuler

21 Février 2014 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #quelle époque !

 

 


On trouve beaucoup d’articles ces jours ci sur la sortie récente de Nathalie Kosciusko-Morizet, accusant la journaliste du Monde qui la suit de faire campagne pour Anne Hidalgo. Beaucoup d'articles aussi sur les insultes proférées par Nicolas Dupont-Aignan à l’égard de Frédéric Haziza. La presse en ligne en profite pour faire des medleys, en vidéo, où on voit à peu près tout ce que ce pays compte de politiques, daubant, à un moment ou un autre, sur la caste infâme des journalistes... Qui de leur côté s'en émeuvent.

Comme si on n'avait jamais appris à distinguer le vrai du faux, le bluff de l'info. Comme si se mettait à accorder du crédit à tout ce que disent les politiques. Par exemple, je peux affirmer, après recoupements, vérifications, et croisements de plusieurs sources, que Béatrice Gurrey, du Monde, qui suit NKM, n'est pas la 21e tête de liste du PS à Paris. Et que Frédéric Haziza n’est pas “une merde intégrale” (c’était ça l’insulte)...


Ce que tout ça révèle, c’est finalement, uniquement un coin de la personnalité de Nicolas Dupont-Aignan. Et la fébrilité actuelle de Nathalie Kosciusko-Morizet, pas plus ! Faut-il s’en émouvoir outre mesure ? Faut-il y voir des attaques contre la liberté de la presse ? A quoi s'attend-on quand on fait ce métier ? A recevoir les félicitations des politiques ? Non.
 
Quand Marine Le Pen passe son temps à essayer de faire croire que tous les journalistes sont coulés dans le moule du même système. Quand Jean-Luc Mélenchon, sur son blog encore avant-hier, appelle ses fidèles à créer une “ambiance qui soit partout contraire et méprisante” pour la “caste", c’est franchement plus pathétique qu’inquiétant. En plus d’être terriblement banal.

Nul besoin de rappeler ici ce qu’était la liberté de la presse en France il y a encore quelques décennies. Il faut plutôt affirmer que si les journalistes doivent être contrôlés, c’est par tout le monde sauf par les politiques. Jamais, nulle part, et en aucune circonstance.

Je me permets donc pour ma part de prendre ces petites attaques pour des guignolades, sans aucune importance, et de demander en retour aux responsables politiques (c’est le moment, on est en campagne, et puis c'est mon métier), de leur demander ce qu’ils comptent faire sur les vrais sujets concernant la presse. Il y a eu la baisse de la TVA sur les pure players, c’est bien, mais ça ne suffit pas.

Que faire pour protéger le pluralisme ? La diversité ? Quelle aide pour le papier ? Qu’est-ce qu’on peut faire pour Libération ? Pour préserver l’indépendance des journalistes ? Comment renforcer la protection et le secret des sources ?

Il y a mille autres questions,  mais j’arrête là, je vais me faire engueuler.

 

Benoît Bouscarel, France Culture, 7h16, le billet politique     (link)

 


 

 

 

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Casser l’image

10 Février 2014 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #quelle époque !

 


par Guillaume Fraissard, supplément radio-télévision du Monde, 9-10 février 2014.

 


Scène surréaliste à la permanence de campagne de Patrick Balkany, candidat aux élections municipales à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). A une équipe de la chaîne tout info BFM-TV, venue tourner sur les lieux dimanche 26 janvier, le maire UMP et député, en lice pour un cinquième mandat, s’est violemment emporté après des questions insistantes des journalistes sur ses ennuis judiciaires. «Cassez-vous! Et je garde la caméra, parce que vous faites chier !» Avant d’entreprendre de vouloir «retirer la bande» de cette même caméra… qui continuait bien sûr à tourner. Au-delà de leur signification politique, ces images qui ont fait le tour de la Toile et alimenté nombre de commentaires soulignent combien les rapports de certains responsables politiques avec la télévision semblent rester figés dans des temps révolus. Un temps où la «BFMisation» de la vie publique n’avait pas accéléré la cadence des réactions et des polémiques, un temps où les caméras restaient sagement sur les trottoirs et ne s’immisçaient pas dans le moindre espace, un temps où l’on pensait pouvoir contrôler son image en «retirant la bande», un temps enfin où les réseaux sociaux ne propageaient pas à la vitesse de la lumière les moindres dérapages. Cette époque-là n’existe plus, et vouloir casser l’image, comme souhaitait le faire M. Balkany, relève désormais de l’anachronisme. On peut déplorer cette dictature de l’instantané et du direct, cette boulimie d’actualité qui ne produit parfois que du vide. Mais les règles ont radicalement changé, et si les personnalités politiques savent parfaitement se servir de cette nouvelle donne pour faire passer leur communication et leurs messages, certains oublient que l’information en continu n’est pas une tribune de meeting. Qu’elle peut au contraire exposer au grand jour, avec une puissance démultipliée, leurs traits de caractère les moins avouables et leur conception dépassée des relations avec l’information.

 

 

(Ah tiens donc... Comme c'est curieux...)

 

 

 

Bosc-Bordel R R

 

En Seine-Maritime, on prononce "Bo"... Essayez, pour voir...

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Des rebelles très conventionnels…

8 Février 2014 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #quelle époque !

 

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Les 17e RDV de l’Histoire qui se dérouleront à Blois en octobre 2014 auront pour thème « les rebelles. » Une aubaine en cette année de commémoration du centenaire de 1914 et 70e anniversaire de 1944.

Après la guerre, les rebelles. En annonçant le thème des prochains Rendez-vous de l'Histoire, Jean-Noël Jeanneney, président de la « plus grande manifestation d'intellectuels en France » (sic) a créé une surprise chez les spectateurs qui ne l'est pas vraiment, au fond.
Il vaudrait mieux s'y préparer : en 2014, nous allons manger du poilu de la Première guerre mondiale, et du résistant de la Seconde. Qu'on le veuille ou non, 2014 sera une année de commémoration. Une Mission du centenaire a même été créée pour ça, qui a fortement marqué de sa présence l'édition 2013 des Rendez-vous de l'Histoire : stand majestueux au salon du livre, conférences et communications diverses assurées par des historiens et chercheurs de renom, dont Antoine Prost, professeur émérite à l'Université de Paris I, Panthéon – Sorbonne.


Un (e) rebelle au Panthéon ?


Et alors, direz-vous ? Quoi de plus normal d'honorer ces poilus présentés aujourd'hui plus comme des victimes de l'idiotie d'une guerre manipulée par des officiers généraux que d'aucuns qualifient de « criminels de guerre, » que comme des combattants ? Ou encore, d'honorer la mémoire de ces résistants de 1944, dont ils semblent aujourd'hui avoir été si nombreux qu'on se demande comment la France n'a pas été libérée du joug nazi plus tôt ? La collision des deux commémorations fait d'ailleurs débat parmi les historiens, mais aussi les politiques, et particulièrement des régions concernées, la Picardie, l'Alsace, la Lorraine et les Vosges, qui comptent sur ce tourisme mémoriel pour palier une activité économique décroissante. Si le Général de Gaulle voyait dans la période 1914 – 1944 une sorte de « guerre de trente ans, » décidant en 1964 de commémorer les deux guerres en même temps, les anciens combattants signalent que c'est une tradition qui « dépasse de Gaulle. » En 1954 et 1984 en effet, les deux évènements ont déjà été commémorés ensemble.


Plus fort encore : l'enjeu est, on l'aura compris, politique. Car il y a un courant d'air du côté du Panthéon – dont on ignore encore qui pourrait y entrer à cette occasion mais le sujet fait déjà l'objet d'âpres débats - et un dossier sensible, jamais refermé, qui nécessitera beaucoup de doigté : la mémoire des 620 soldats condamnés à mort et fusillés « pour l'exemple, » pendant la Grande Guerre. Qui entrera au Panthéon ? Un Poilu de 14 ? Un résistant de 44 ? Un homme ? Une femme ? Un rebelle ? Là est la clivante question.


Poilus, résistants, rebelles et quoi encore ?


Pierre Nora et Jean-Noël Jeanneney, dans un entretien au journal Le Monde du 11 octobre dernier semblent se défendre de privilégier les uns ou les autres dans cet aspect commémoratif* « Je déplorerais une commémoration qui se concentrerait uniquement sur les fusillés et les mutins ; ce serait une injustice » (J. N Jeanneney). Pierre Nora paraît appeler à la synthèse qui dépasserait le simple aspect mémoriel de la commémoration, en insistant sur le problème de la dette que les générations passées ont contracté envers leurs pères, ces héros. « À titre personnel, dit-il, je pense que si on mettait au Panthéon tout à la fois Michelet et Marc Bloch, on exprimerait un message sur la Révolution française, sur la République et sur la Résistance. Et on saluerait le rôle civique de l'histoire. » 


À l'énoncé du thème retenu pour les Rendez-vous de l'Histoire 2014, on peut s’interroger. Premièrement parce qu'il s'agit bien d'une suite à la guerre, thème de 2013 : les grandes manœuvres continuent, sur le terrain politique cette-fois, dans une année commémorative et électorale qui sera très difficile. Deuxièmement parce qu'on ne peut qu'apprécier le tour de passe-passe des deux figures d'historiens que sont Pierre Nora et J-N Jeanneney : soit tout est ficelé d'avance et ils jouent parfaitement bien la comédie. Soit le thème des rebelles est imposé d'en haut, et alors ils jouent parfaitement bien les « cocus magnifiques. »


L'ingérence du politique dans les affaires de l'historien, le phénomène n'est - hélas ! - pas nouveau. Les vrais rebelles, eux, on sait en revanche comment ils terminent.

*comprendre : les mutins et fusillés d’un côté, et les résistants de l’autre, leur point commun étant cette accession au statue de héros, même posthume.

 

 

F.S

 

(recyclage d'un article publié le 25 octobre dernier. L'expo Tardi au 41e FIBD d'Angoulême permet de savoir ce qu'il en pense, lui, de ce centenaire commémoratif.)

 

 

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Et le coffre de Mazarin fit sauter la banque hollandaise...

14 Juin 2013 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #quelle époque !

 

 

  SAB 7551 R

                                         - Deux coups de marteaux à 5,9 millions -

 

 

La 25e vente de l’étude Rouillac à Cheverny a tenu ses promesses, elle. Dépassant toutes les espérances des commissaires-priseurs père et fils. Le coffre ayant appartenu au cardinal Mazarin a été adjugé à 5,9 millions d’euros pour le Rijksmuseum d’Amsterdam. Qui dit mieux ?

 

 

Comme les Cadets de Gascogne, de Carbon de Casteljaloux, les Rouillac père, mère et fils « font cocus tous les jaloux. » Si Cyrano de Bergerac était encore en vie, il aurait pu voir un beau spectacle, en couleur et haute définition, à en décrocher la lune, dont il rêvait. La 25e vente de Cheverny, qui s’est déroulée les 9 & 10 juin dans l’orangerie du château, en présence de la famille Hurault de Vibraye propriétaire des lieux, et de la marquise de Brantes*, qui fut à l’origine la toute première vente en 1989, a atteint des sommets. Pratiquement l’Everest. Plus que jamais, ce n’est pas la crise pour tout le monde ! Les objets d’art demeurent, sans surprise, une valeur sûre et un refuge en ces temps de disette. Il y en avait pour tous les goûts, et – osera-t-on l’écrire – pour toutes les bourses. Vous ne nous croyez pas ? Dommage, vous auriez pu par exemple emporter deux Rolls Royce pour moins de 30.000 €. Une Corniche de 1973 pour 17.000 €, et une Silver Shadow pour « seulement » 11.000 €. L’histoire ne dit pas si le réservoir était plein, ce qui pourrait doubler la valeur du véhicule.
Comment expertiser aussi ce reste de cigare havane que le dernier empereur d’Allemagne, Guillaume II, fuma lors d’un dîner à l’ambassade de France le 5 mars 1889 ?  Bien malin qui peut le dire, et Aymeric Rouillac déguste avec un malin plaisir son effet. C’est au château de Cheverny, pour 350 euros que cet objet insolite, ce cigare de pharaon, rejoindra la collection du musée Tintin, Moulinsart oblige.

 

Pour 100.000, t’as plus rien

 

C’est bien sûr le coffre ayant appartenu au cardinal Mazarin qui suscita tous les désirs, qui attisa tous les regards, qui fit vibrer la salle, et suspendre le temps. Les secondes apparaissaient des minutes, et les minutes semblaient des heures. Cet exceptionnel coffre en laque du Japon, dont il n’existait que quatre exemplaires à l’origine au XVIIe siècle, a fait l’objet d’une âpre bataille par téléphone et dans la salle, les appels provenant du monde entier, des plus grands musées (Victoria & Albert Museum de Londres notamment, déjà propriétaire d’un coffre semblable). Un mystérieux personnage, expert dépêché par un grand musée américain, présent à Cheverny, a en effet résisté jusqu’à 5,8 millions d’euros, puis, comme au poker, se coucha pour rien, ou presque : 100.000 €... Le coffre a été adjugé à 5,9 millions d’euros et restera en Europe, puisqu’il rejoint le prestigieux Rijksmuseum d’Amsterdam. Un record pour l’étude Rouillac, qui dépasse ainsi les 5,2 millions d’euros du portrait de George Washington en 2002. Le coffre, acheté par Mazarin en 1658, retourne ainsi dans son lieu de quasi naissance, puisqu’il fut commandé aux meilleurs ateliers japonais de Kyoto** par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. Seul regret avoué par Aymeric Rouillac : « qu’aucun conservateur de musée français ne se soit déplacé pour venir voir le coffre. » Il est probable que le prix  – dont on ignorait jusqu’où il irait mais dont on pouvait raisonnablement supposer qu’il crèverait le plafond – ait un peu freiné les ardeurs des maigres budgets culturels de la France. Les Hollandais, fidèles à leur réputation historique de grands marchands très réactifs, se sont mis à plusieurs pour faire le chèque de 7.311.280 millions d’euros (le prix de adjudication plus les 23,92 % de frais dont la TVA) : le Rijksmuseum bien sûr, mais aussi la loterie nationale des Pays-Bas, la Société Rembrandt et plusieurs mécènes permettent à ce meuble unique, cette « Mona Lisa du mobilier asiatique » comme aiment à le dire Philippe et Aymeric Rouillac, de devenir l’objet phare de cet équivalent du Louvre aux Pays-Bas.

 

 

La vente pouvait se poursuivre, elle dura presque cinq heures - plus qu’une finale de Roland Garros ce même jour ! - et si la tension a quelque peu baissé suite au braquage de tous les regards vers ce coffre aux trésors, ce qui vint derrière n’en était pas moins digne d’intérêt. Rouillac père et fils se sont employés à passionner le public, buvant avec lui le calice jusqu’à la lie. Rincés mais ravis, ils pouvaient donner un dernier coup de marteau sur les sculptures d’Alfred Janniot, dont les exceptionnelles Trois Grâces, adjugées pour 370.000 € (record mondial). Pas de doute, elles avaient veillé sur la 25e vente de Cheverny, qui devait se poursuivre lundi 10 juin, en attendant les nouvelles surprises qui ne manqueront pas de sortir du chapeau de l’étude Rouillac. Mais ça, mille millions de mille sabords, c’est pour le 15 juin 2014.

 

F.S

 

(article paru dans La Renaissance du Loir-et-Cher du 14 juin)

 

* Belle sœur d’Anne-Aymone Sauvage de Brantes, épouse Giscard d’Estaing.
** par un Français, François Caron, chef du bureau de commerce de la V.O.C, la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, installé sur place 20 ans auparavant.

 

 

SAB 7473 R

                                        - Honneurs rendus aux Trois Grâces de Janniot (in Cheverny) -  

 

 

 

 SAB 7450 R

                                                - Chauffeur ! A la maison ! -  

 

 

 

SAB 7511 R

 

 

 

 SAB 7523 R

                                        - Le cigare de l'empereur -

 

 

 

SAB 7446 R

                                             - Cueillez, cueillez votre jeunesse... -

 

 

 

SAB 7501 R

                               - Vous aimez les bijoux ? Vous aimez le nu ? Vous aurez les deux avec ce Nu aux bijoux ! -

 

 

 (c) Fred Sabourin. Cheverny, Loir-et-Cher, juin 2013.

 

 

 

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L’indépendance journalistique en question

12 Avril 2013 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #quelle époque !

 

 

 

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                                                      - Les noces du journalisme et du politique -

 

 

 

Vouloir dresser le portrait de Richard Ode, journaliste indépendant récemment médaillé Chevalier dans l’Ordre national du     Mérite relève de l’inconscience. C’est donc consciemment que nous le faisons.

Dans le Loir-et-Cher, il y a deux sortes de journalistes qui font la bise à Maurice Leroy, ancien ministre, député, et président du Conseil général : les femmes, et Richard Ode. Faut-il voir, dans cette habitude qui atteint désormais toutes les couches de la société, un signe de liaisons dangereuses entre un homme politique qu’on ne présente plus – Momo pour les intimes, c'est-à-dire quasiment pour tous – et un journaliste incontournable dans le département depuis 40 ans ? Il ne s’agit pas pour autant du baiser de Judas, pas plus que celui de Rodin. Peut-être alors est-ce le signe d’une dépendance du journaliste et du pouvoir, et inversement.


L’indépendance journalistique, soluble dans le champagne
 

 

Evacuons tout de suite les clichés sur la prétendue indépendance des journalistes : elle n’existe plus, elle n’a d’ailleurs jamais vraiment existé. Les rédactions, hier comme aujourd’hui, de gré ou de force, ont fait leur mutation féodale envers le pouvoir de l’argent, des grands propriétaires de la presse et des médias, jusque dans les recoins les plus nauséabonds de l’activité économique. La publicité – même en baisse – a d’abord pilonné le sacro-saint désir d’indépendance clamé haut et fort par tous les plumitifs de la profession. Le déroulement implacable de l’histoire, de la politique, des forces économiques, et des propos off de fins de banquets ont fait le reste. Nous sommes tous des faux indépendants. Pire : la perméabilité entre les pouvoirs politiques successifs, de droite, de gauche et même du centre, et les journalistes est à ce point visible qu’on entend parfois les cyniques dire : « La presse est tellement libre en France qu’elle n’est même plus obligée d’être impartiale. » Rares sont ceux qui assurent une réelle imperméabilité entre le pouvoir et leur métier, entre vie privée et vie publique. Car c’est très tentant de basculer de l’autre côté du rideau, et d’accepter – au nom de l’information - les invitations à dîner en ville, les (fausses) confidences, les cadeaux (parfois), les connivences… Pour preuve, depuis une quinzaine d’années, le nombre de journalistes qui deviennent des conseillers en communication des élus de tous bords, ou des communiquants de grandes marques. Personne n’est épargné. Peut-on alors réellement choisir ses amis, même quand on est journaliste ? Ce n’est quand même pas un sacerdoce ! C’est à voir… Un journaliste biographe de politiques dit lui-même : « Un journaliste n’a pas d’amis. Il n’a que des sources. » L’expression est suffisamment large pour que chacun y trouve son compte, et vienne y étancher sa soif. Si possible au champagne.
 

 

Journalisme et communication
 

 

Lycéen à Châteaudun, faculté de droit d’Orléans, Ecole de notariat à Paris d’où il décroche un diplôme de clerc de notaire, qu’il exerce d’abord dans une étude à Cloyes-sur-le-Loir. Et le destin de Richard Ode aurait pu s’arrêter là, dans la bourgeoisie balzacienne des notaires de province. Mais, à la Rastignac, le jeune Ode a une autre idée en tête : il veut devenir journaliste. Pour cela, il doit saisir les occasions, et assurer ses arrières : barman le jour, pompiste la nuit, enquêteur Insee, il parvient, en juin 1969, à entrer comme employé de presse à la République du Centre à Orléans. Peu après, il devient journaliste professionnel, « carte de presse n° 27.820. » S’en suivent 20 ans de plume dans ce quotidien régional. En 1990 cependant, à la faveur d’une restructuration comme le monde de la presse en a le secret mais pas l’exclusivité, Richard Ode franchit le Rubicon, et passe du côté des communicants. Il est aidé en cela par Pierre Trousset, alors président de la CCI. Il le nomme chargé de communication, et rédacteur en chef de Radio Val de Loire, une radio libre, d’une liberté somme toute assez relative puisque radio locale soutenue par la CCI de Loir-et-Cher. Qu’importe ! 10 ans au cours desquels Richard peut assouvir son goût des autres grâce à un sens inné du contact. En 1999, l’aventure s’arrête brutalement, et il décide de faire chemin inverse en redevenant journaliste à la pige. C’était risqué : une fois franchit la barrière, peu de journalistes parviennent à rentrer au bercail, souvent taxé de relaps par les vieux hiboux de la profession qui n’aiment guère cela. « One foot in sea, and one in shore, » dit Shakespeare, Richard Ode conserve un de ses pieds dans l’agence de communication SAM, installée à Blois, et il est en contrat avec l’association recherche et développement d’activités nouvelles (ARDAN). Correspondant de l’AFP pour le département, et pour La Renaissance du Loir-et-Cher, Richard se distingue pour ses papiers où règne une certaine liberté de ton et un style qu’il faut parfois épurer un brin. Il s’investit également dans le Club de la Presse du Val de Loire, et récemment dans le Petit Blaisois, groupe Petit Solognot.
 

 

Journaliste indépendant ?
 

 

Finalement, la seule vraie indépendance de Richard Ode, c’est celle qu’il a vécue. Né le 1er août 1946 à Bône en Algérie, orphelin de père à dix ans, il débarque à l’âge de 16 ans en France, avec sa grand-mère, sa mère et sa sœur à Cloyes-sur-le-Loir, le 30 octobre 1962. Mais des racines familiales, sont aussi à Mayres, en Ardèche. Ceux et celles qui ont un jour visité ce département cher à Jean Ferrat, auront peut-être traversé cet étrange village constitué d’une  rue principale bordée de maisons pour la plupart fermées, au beau milieu du col de la Chavade, reliant l’Ardèche et la Haute-Loire. Le climat y est particulièrement rude. Est-ce là, chez une de ses grands-mères, que Richard Ode commença à se patiner de cet air bourru, et ce marmonage permanent, souvent inaudible, dans une barbe gauloise qu’il taille deux fois par an ? Les historiens trancheront… 
Comme tous les pieds noirs qui ont pris le bateau du retour, une valise pour bagage avec toute une vie dedans, Richard Ode a gardé ce sentiment mélancolique d’abandon, de revanche froissée, de résignation nostalgique, de désir fou de résilience, et surtout une grande sensibilité chaleureuse. C’est le prix à payer des déracinés d’Afrique du Nord, « qui portaient comme une étoile jaune leur accent pied noir, » dit-il d’une voix qui s’étrangle. Or c’est sans doute là que l’on touche à l’émouvant de cette décoration : « Cette médaille, c’est l’Algérie, » dira-t-il dans les premiers mots qu’il adressera à la centaine de personnes venue assister à la cérémonie. Parmi elles, un certain Lucien Martin, « le premier Français à qui j’ai serré la main en arrivant, le 2 novembre 1962. A cette époque-là, quand on arrivait quelque part, ajouta-t-il, il n’y avait personne pour vous serrer la main.» La clé de lecture du personnage Richard Ode est probablement dans ce moment précis où, ayant tout laissé derrière lui, une nouvelle vie commence, à l’aube de sa vie adulte, une seule valise dans la main gauche, celle du coeur. Il y avait quelqu’un sur le chemin, qui a tendu la main… et le reste est venu.
 

 

Richard Ode est bien vivant, Christiane son épouse, et leurs trois filles Vanessa, Marjorie et Marion en témoignent avec fidélité et… une certaine patience. Pour l’heure, il convient, au nom de la Renaissance du Loir-et-Cher, où cet indépendant journaliste a signé un certain nombre de papiers, de féliciter ce nouveau Chevalier dans l’Ordre national du Mérite. Cette récompense ne signe pas, si nous pouvons nous permettre, une arrivée, ni une récompense, ni une consécration. Mais plus sûrement une invitation à poursuivre le chemin avec l’exemplarité qu’une telle médaille impose. Car l’indépendance, en effet, se mérite. C’est sans doute ce qui fait toute sa grandeur, et surtout sa rareté.

 

F.S
Carte de presse 110.044

 

 

Article paru dans La Renaissance du Loir-et-Cher, vendredi 12 avril 2013



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Après les chiens écrasés...

18 Janvier 2013 , Rédigé par Fred Sabourin Publié dans #quelle époque !

 

 

... les chiens brûlés !


Et dire qu'on les paie pour faire ça...

 

 

 

chien brûlé

                                                         - La PQR en grande forme ! -

 

 

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